Comment ça je suis pas adapté ?

Comment ça je suis fainéant ? Nan là je vois pas , mais alors pas du tout…

Je vais même pas tenter de justifier mes 3 mois d’inactivité, je crois que même avec toute la mauvaise foi dont je suis capable (et je suis pas mauvais) je n’y arriverai pas,  alors autant éviter.

Je pense à adhérer (dessin de Larcenet piqué sur son site)

Or donc, je reprends du service…

Récemment, je me suis rendu dans une salle de concert vers chez moi, La Coopérative de Mai pour être précis. J’allais voir un truc pas trop connu , donc avec une salle pas bien pleine, donc avec une jauge petite. Ce qui fait que les organisateurs n’avaient pas ouvert  jusqu’aux gradins où j’ai l’habitude de prendre place.

Je suis donc arrivé et l’on m’a uniquement proposé de rester dans la fosse ou d’aller dans le couloir devant la scène, celui pour les vigiles.  J’avoue que j’ai assez mal pris de me retrouver au pied de la scène, dans un endroit pas prévu pour recevoir des gens (photographe qui me passe devant, vigiles que je gêne). Et encore j’ai un lift, j’ose même pas imaginer comment des  zaroulettes non motorisés auraient fait.

Difficile de garder son calme quand on a en face de soi un régisseur qui défend mordicus qu’ ils ne peuvent pas faire autrement, que la sécurité les empêche d’ouvrir derrière, que c’est la loi. Il a même limite tenté de me dire de rentrer chez moi et que j’allais être remboursé. Encore un qui mérite des baffes tiens.

Pourtant cette salle est accessible, elle a des WC handicapés, un ascenseur, la fosse est de plain pied. Mais justement, c’est là qu’est le problème à mon avis. Tout est pensé en terme d’accessibilité. Les législateurs et ceux qui mettent en place l’accessibilisation pensent uniquement au fait que le lieu permette aux zaroulettes d’y rentrer. Après si l’organisation est complétement aberrante, c’est plus leur problème. Je peux rentrer dedans donc tout va bien et si je la ramène, je dois encore être un de ces « handicapés aigris agressifs, kipensspazozotres » .

C’est quand même un manque cruel de réflexion. Bon j’avoue, si tout était accessible, je ne serais pas triste, mais pourquoi s’arrêter là ?

A l’accessibilité,  je préfère l’adaptation.

Un lieu adapté prend en compte le handicap et va être pensé pour qu’en plus d’être accessible, son utilisation soit simple et les conditions d’accueil respectueuses. Et ben pour faire ça, les architectes, ils galèrent hein.

Parce que mettre une pente ou faire de plain-pied tout le monde sait faire. Mais si en plus, il faut mettre une porte électrique, si en plus il faut penser à un agencement des pièces intelligent qui ne demande pas forcément d’avoir quelqu’un avec soi pour tenir la porte tout en poussant la poubelle installée n’importe où tout en faisant gaffe à pas se faire rouler sur les pieds, tout en tirant la chaise qui gêne pour faire de la place (ouais je sais, j’ai de la chance, les personnes qui m’aident sont super intelligentes), ben là, y’a plus personne.

Je vais pas jeter la pierre aux architectes, quoique des envies de lapidation m’ont déjà traversé l’esprit (cf Jouons avec l’accessibilité…) , mais la clef du problème c’est la loi sur le handicap. Les normes sont très utiles, si on contraint pas un peu des fois, y’a rien qui se fait. Mais mon principal problème avec ça, c’est que les gens les appliquent bêtement, à la lettre. Par exemple le resto de pâtes non accessible dont j’avais parlé dans un autre article est muni de toilettes handicapés, enfin y’a le logo dessus quoi.

Ce resto est obligé d’avoir des toilettes handicapés. Un autre exemple des côtés neuneus de la loi c’est qu’il est interdit de construire des pentes pour les magasins ou restaurants non accessibles sur le trottoir ou tout emplacement appartenant à une ville. J’avoue que des fois c’est impossible, tellement les trottoirs sont étroits, mais cette loi force les propriétaires  à creuser leur propre établissement pour pouvoir mettre une pente.

J’ai quand même l’impression que les lois sur le handicap ne sont pas toujours assez réfléchies, ni assez proches de la réalité. Mais c’est une question de volonté, on peut pas différer l’accessibilité obligatoire de 2013 à 2015 pour faire plaisir à ses copains de l’hôtellerie et en plus penser à des lois intelligentes. Nan, faut pas déconner non plus….

Allez à dans 3 mois… (naaan j’déconneuh :D )

Auto-publicité

Dans le Marianne de cette semaine, du 7 au 13 janvier quoi, y’a des bouts du blog.

Nan y'a pas à dire, la couverture fait pas envie,mais dedans trop c'est cool.

Alors ouais j’entend déjà « Ouah l’aut’ heh il collabore avec des médias bourgeois ». C’est vrai. Je vais pas dire que Marianne c’est mon kif à la base, hein.  Mais y’a un suuuper article avec des handicapés dedans, c’est in-cro-yab’. Ils et elles disent des trucs trop cool en plus. Même que je suis dedans c’est dire !

Z’êtes pas obligés de lire le reste hein, mais l’article des pages 70 à 77 , ben il déchire y’a pas à tergiverser.

Allez après mes partiels j’écris un truc long et tout avec des arguments et tout.

Du Téléthon. A ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

Bon, ça fait un bail que j’ai rien écrit. Du coup ben là j’écris. Je crois que j’ai rechargé mes batteries de colère. Chuis reparti.

En ce moment ça n’aura échappé à personne, c’est le Téléthon, la saint Myopathe alléluia mes frères. Je vais clarifier un point d’ores et déjà, moi le Téléthon ça m’emmerde, ça me fait chier, ça m’agace ce misérabilisme pour avoir du fric. MAIS, et là c’est super important, sans le Téléthon je serai pas dans la même situation qu’aujourd’hui. De l’argent il en faut, pour la recherche, pour aider les familles à faire les achats immensément chers nécessaire pour vivre dignement en souffrant d’un handicap.

Toute personne disant que l’argent du Téléthon ne bénéficie pas aux malades est une menteuse. Toute personne disant que le Téléthon gagne trop d’argent est inconsciente. Toute personne ne voyant pas que c’est parce que l’État ne fait rien que le Téléthon existe est aveugle.

Je suis très en colère quand je lis des personnes de ma sensibilité politique, anars, gauchos, cracher leur haine imbécile sur le Téléthon, sans réfléchir deux minutes. En tant que myopathe évidemment que ça me fatigue de voir des petits n’enfants en fauteuil, tout tuyauté de partout, mis bien devant pour faire raquer. Et la mère en pleur, et le père bien courageux, et pis le chien bien joyeux. Il est facile de dire que le Téléthon est une escroquerie. C’est facile dans son confort à la con de petit anarchiste à la manque bien installé dans son sectarisme. Il est facile de critiquer sans jamais se préoccuper de savoir si notre action politique inclue les handicapés. Les ultra-écolos voulant éliminer l’électricité, les squatteurs qui ne se préoccupent même pas de savoir si leur squat paut accueillir tout le monde, les petits virilistes qui ne voient l’action politique que par la violence. C’est une mode chez certains et certaines de tout critiquer sans regarder plus loin que le bout de son nez.  Alors oui ces personnes disent que le Téléthon c’est de la merde. Soit. Et puis il y a les autres, les auto-proclamés experts, les journalistes du dimanche qui vont asséner leurs vérités bien farcie de lieux communs. En voici quelques uns :

Le Téléthon ne reverse pas les fonds :

Il n’y a rien de plus faux. Non j’vous assure j’ai beau chercher j’ai rien trouvé de plus faux que ça. Quand mes parents ont achetés leur maison, avec moi dans leurs valises j’étais pas diagnostiqué. Quand l’info est tombée, ils venaient de payer les intérêts de la maison. Mais notre maison n’étant pas accessible il a fallu installer un ascenseur intérieur. Ce qui coûte très cher, on est d’accord. Evidemment aucune banque ne voulait leur préter de l’argent, vu qu’ils étaient en train de rembourser la baraque. Donc, je vous le donne en mille, l’AFM nous a aidé. Ils ont un crédit gratuit qu’ils financent avec le Téléthon, ils ont payés une partie de l’ascenseur avec l’argent du Téléthon. A cela s’ajoute la participation financière à mon premier fauteuil, vous savez, de 28 000 euros, somme que toutes les familles peuvent se permettre, of course. Alors vous allez dire, ouais non okay, le gars il utilise des exemples personnels pour établir une généralité, ouah l’aut’ heh. Je pourrai faire un catalogue avec des dizaines, des centaines de familles que le Téléthon a aidé, mais là, ben, j’ai pas le temps.

La recherche n’avance pas :

Pas assez vite ça c’est sûr. Mais pour avancer la recherche, vous savez de quoi elle a besoin ? Mais si vous savez.  De fric, de flouze, de blé, d’oseille, de pèse, de pognon, faut des radis quoi. Mais concrètement pour aller voir un professeur financé par l’AFM sur Paris, ben j’peux vous assurer qu’elle avance cette putain de recherche sur cette putain de maladie qui me cloue sur un fauteuil. Mais bon je dois être naïvement con pour le croire le gars. En même temps il se prend pour qui ce médecin avec ses 15 ans d’études et ses 80 h de boulot par semaine (le calcul c’est comme pour les arbres, au nombres de cernes). N’importe quel journaliste en mal d’amour et autre gauchiste en mal de manif en sait autant que lui sur l’utilité de l’argent du Téléthon. Alors oui l’AFM investit dans l’immobilier, mais bon un service d’Hôpital en carton ça marche vachement moins bien. J’encourage tous les adhérents à la théorie du complot à se rendre à la Pitié-Salpêtrière, au bâtiment Babinsky et d’aller visiter l’Institut de Myologie pour voir où une grande partie de l’argent du Téléthon va. Etrangement tout ceux qui critiquent le Téléthon, et le comparant à une oeuvre de Satan, sont tous sans exception valides. Mais cela voudrait ptêtre dire que… mais ouais…. ils ont aucune idée de ce que c’est que le handicap. Non j’exagère mais recevoir des leçons de personnes sur leurs deux jambes, qui t’explique à toi que non le Téléthon ça sert à rien, que non c’est une escroquerie, que mon p’tit gars tu te fais avoir, et ben à part avoir envie de leur péter les vertèbres pour les asseoir définitivement à ces gens là, j’ai pas grand chose qui me vient.

C’est que pour les myopathes :

Ouais y’en a marre de ces handicapés qui volent le travail de nos honnêtes cancéreux et sidéens. On accuse souvent l’AFM de confisquer les dons de la générosité au dépends des autres malades. C’est fou de se dire que l’on repproche à l’AFM de gérer grave, d’avoir su faire les bons choix et les bonnes relations pour réussir à générer autant de médiatisation. Ça fait jaloux et mesquin moi j’trouve. Ceux qui crachent leur bile sur l’AFM mériterait de diriger leurs jets putrides sur l’Etat qui de plus en plus se désolidarise de la recherche médicale. L’Etat ne file plus rien pour le Sida, pour la Myopathie, pour le Cancer, pour la Mucoviscidose mais l’ennemi c’est l’AFM. Bonjour le niveau d’analyse politique. L’Etat par contre finance depuis des années la recherche nucléaire fondamentale et prospective, qui, comme son nom l’indique ne garanti aucun résultat. Mais ça personne ne va le dénoncer, les auto-proclamés défenseurs de la liberté contre le mensonge et la manipulation la ferment la dessus. Alors les gars ?! on dort ? On est trop occupé à participer à des meetings du Front de Gauche ? ou on se masturbe devant des vidéos de Gênes, 2001 ? En plus la recherche touche plein d’autres domaines. Toute avancée dans un domaine de la médecine sert aux autres domaines, ça a toujours fonctionné comme ça. Les recherches sur les cellules souches je pense pas qu’il y  en ai de plus utiles en ce moment.

Les maladies Téléthon ne touchent que peu de personnes alors que le Cancer hein :

1 garçon qui naît sur 3500 a ma maladie en France.

Il y a plus d’une centaine de myopathies.

Il y a plus d’un millier de maladies génétiques.

Ca torture des animaux, bouh c’est mal :

Hum, on a guéri la rage en l’injectant à des lapins.

La recherche contre le Sida utilise des souris, toute recherche sur toute maladie humaine se fait sur des animaux.

Luttez donc contre l’industrie de la cosmétique qui teste ses produits sur des centaines d’animaux. La recherche médicale, sauve, accessoirement, des vies elle.

Et quand je lis ce genre d’articles : Le scandale du Téléthon ben y’a que la gerbe qui me vient. Oser dire que la recherche ne bouge pas, qu’elle est que pour les enfants, qu’elle fait fausse route, et ben c’est triste, surtout quand on en sait foutrement rien. Mais c’est pas important de savoir, tant qu’on casse du sucre sur le dos du caritatif.

Attention hein, le caritatif ça me débecte aussi, mais pour l’instant pour réussir a avoir l’argent nécessaire pour avancer je vois pas d’autre solution. L’État fait pas son taf, faut bien se démerder. Je suis pour d’autres solutions, mais là je vois pas. Alors à tous ceux qui disent des conneries, qui ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs dires. A tous ces aveugles inconscients de leur bêtise je leur dit de réfléchir à des solutions intéressantes pour les handicapés. Au lieu de perdre leur temps à construire un idéal de société pour valides en bonne santé.

Bakounine doit se retourner dans sa tombe…

Parfois ne rien faire me fatigue 3

Depuis le début de l’année scolaire j’ai décidé de faire un article par mois. Pour l’instant je m’y tiens, enfin il faut dire que ça fait que 2 mois que je m’y suis remis, :D .

Comment ça je suis fainéant ?

Toujours est-il que j’ai une nouvelle blague avec des zhandicapés dedans :

C’est un car de paraplégiques qui sont en sortie. Les gamins sont surexcités et commencent à embêter le chauffeur en chantant « Chauffeur si t’es champion appuie-euh ! , appuie-euh ! Chauffeur si t’es champion, appuie sur l’champignon ». Le chauffeur hésite puis se laisse prendre au jeu. Il tient à faire plaisir à ces pauvres gosses. Et les gamins continuent « Chauffeur si t’es… » et le chauffeur accélère a chaque fois.

Ce qui devait arriver arriva, à force d’accélérer le bus fini par faire une sortie de route et s’éclate dans un fossé.

Et on entend du fond des débris fumants du bus  « Il est des no-Ô-o-tres-euh… »

Comme quoi c’est des p’tits salauds ces handicapés.

Ce fut, ouais encore une fois, un plaisir.

De la misère de l’accompagnement en milieu étudiant.

A la fac j’ai besoin d’accompagnement. Si, si je vous jure. Il y a un service qui s’occupe de ça, c’est le Service Handicap. Ce service, au nom aussi surprenant qu’original, embauche des accompagnateurs-trices pour accompagner  les zandicapé-e-s. En fait c’est toujours des accompagnatrices, comme ultra-souvent dans le service à la personne.

Donc cette année j’ai une accompagnatrice, qui me suit dans mes déplacements, m’installe en cours et fait tout ce que je ne peux pas faire seul. Le fonctionnement semble être classique. Ce qui l’est moins c’est les qualifications des ces accompagnateurs-trices. On pourrait penser, naïvement, qu’une personne accompagnant des zandicapé-e-s a suivi une formation pour savoir comment aborder différents handicaps. Parce qu’on dirait pas comme ça mais le myopathe, c’est pas super simple. Les geste de la vie quotidienne de s’inventent pas. Et ben en fait si, la personne qui me suit n’a suivi aucune formation. D’ailleurs aucune formation continue n’est prévue. Le prérequis pour accompagnateur-trice en fac c’est d’avoir un diplôme universitaire. Et avoir fait un an de chomdu. Un diplôme universitaire pour pouvoir comprendre le fonctionnement de la fac à c’qui paraît. Quand on voit que même les administratifs de la fac comprennent rien, on se demande bien où ils ou elles vont chercher ça. M’enfin bon.

Outre l’idiotie de lâcher des gens comme ça dans le monde du handicap, ce qui devient hilarant dans le cas de mon accompagnatrice, c’est qu’en plus de moi elle suit une personne autiste et une personne non-voyante ! Le rapport entre mon handicap et les deux autres est plutôt léger. Mais bon on s’en cogne, c’est que des zandicapés, manquerait plus qu’ils se plaignent…

Ça montre quand même bien comment sont considérés les zandicapé-e-s. Une personne non formée, sous payée (ouais y’a ça aussi),qui doit se démerder avec des handicaps multiples et variés. La personne qui a besoin d’aide peut soit tomber sur quelqu’un qui a du bon sens (ouf c’est mon cas), soit sur une personne incompétente qui ne comprend rien à rien. Et après pour changer de personne, tu peux toujours te gratter.

Le travail social, pour les administrations, ça devient du même niveau qu’employé-e de bureau, sauf qu’ils oublient une chose, c’est qu’un Ctrl + Alt+ Suppr, ça va pas m’aider à pisser…

Dessin Fabian Lemaire

Les vacances se finissent, et je dois dire que ce dessin arrive à point nommé pour relancer ce blog à la rentrée, après quelques mois de mollesse. Mollesse qui est exclusivement liée à la fainéantise de son auteur, mais ça j’en ai déjà parlé. Enfin bref, me re-voila.

Ce dessin à la fois, clair, net et précis, c’est Fabian Lemaire que me l’a fait, le directeur de publication et néanmoins dessinateur dans Fakir (vazy clique), le journal alternatif, indépendant, à lire absolument,  toussa toussa.

Merci bien m’sieur Lemaire.

A plus lecteur/trice.

Euh… ça ressemble à du foutage de gueule…

Vazy clique sur l’image, ça amène sur le site de l’APF. Il s’avère que certains parlementaires souhaitent modifier la loi de 2005 qui force les nouveaux bâtiments à être accessibles. Parce que ça coûte du fric de rendre les bâtiments accessible à tous et toutes. Ben voyons…

==> LA RAVACHOLE

Clique donc sur cette chanson, pour connaître mon état d’esprit actuel :D


Histoire de se remonter le moral…

Lecteur de mon blog, va là :

http://blog.van-proosdij.fr/2011/06/14/sante-service-quand-les-protocoles-ignorent-lhumain-ou-histoire-de-la-degradation-des-soins-fondamentaux/

Lis.

Voilà le monde dans lequel on vit.

Beau comme un CMI qui brûle…

Il y a quelques jours je suis allé passer la nuit dans un CMI. CMI c’est les initiales de Centre Médico Infantile. J’y suis allé pour passer, comme chaque année depuis un certain temps, une série d’examens nocturnes. Même si je me passerai bien de ce genre d’immersion ça me permet de faire un petit compte-rendu de ma visite. Ne nous trompons pas un CMI c’est une taule. Une taule pour handicapés, certes, mais une taule.


Je dois y arriver à 20h pour y passer la nuit. J’arrive à 20h05. Être en retard c’est la règle numéro 1. Cet endroit donne la chair de poule quand on y rentre. Déjà, dans le hall d’entrée un tas de fauteuils roulant vous accueille. J’en ai compté 13, qui semblent dire bienvenue. Le deuxième truc qui te saute à la figure c’est l’odeur. Ça sent le désinfectant à plein nez. Il faut dire que cet internat ressemble beaucoup à un hôpital. Les personnes qui logent sont toutes atteintes de handicaps très graves et souvent multiples. En plus d’être myopathes ils sont déficients intellectuels. Une infirmière nous accueille et nous conduit à la chambre « d’invités » au bout du bout du bâtiment. Les données géographiques de la chambre sont 45°43’32.53″ N ; 3°05’32.47″ E, allez voir sur Google Earth vous trouverez cet endroit merveilleux. La traversée est longue et éprouvante. En effet les résidents se couchent et ici on ne ferme pas les chambres. Donc avec ma mère qui m’accompagnait nous avons pu voir tout le monde en train de se faire manipuler, installés dans leurs lits. L’intimité est inconnue ici. Le personnel n’en a rien a foutre. Le but c’est de fonctionner le plus rapidement et économiquement possible. Entre les traitements, les couchers, les repas, c’est  à la minute près. On arrive enfin dans la chambre, que l’on s’empresse de fermer. Pour s’isoler d’un monde qui n’est pas le notre, et que l’on nous envoie en pleine poire sans autre forme de procès.

La chambre est grande pour laisser la place pour les fauteuils, mais ce n’est certainement pas un lieux fait pour vivre. Tout d’abord il n’y a pas une chaise. Pas besoin, qui irait rendre visite à des handicapés ? Franchement, ils sont mieux entre eux… Dans un coin il y a un lavabo, tellement coincé que si je veux l’utiliser, personne ne peut l’atteindre avec moi pour m’aider. Une poubelle  à pédalier trône non loin. C’est fait pour le personnel, lors des soins et des actes quotidiens.  Les interrupteurs et les commandes de volet roulant me sont inaccessibles. Surtout aucune possibilités de se démerder tout seul. On sent bien que le but c’est toujours plus d’efficacité. Déjà les personnes internes ne peuvent quasiment pas agir sur leur environnement mais en plus aucun effort n’est fait pour parvenir à plus d’autonomie. On va pas me faire croire que c’est une vie. C’est au mieux une survie dans ce genre de centres. Sur les murs, des photos publicitaires de camions Renault. C’est même pas sûr que ça soit un choix de la personne dont je récupère la chambre pour la nuit. L’année dernière il y avait une affiche d’un concert de Chantal Goya, bonjour le niveau. C’est vrai que les jeunes sont déficients intellectuels, mais Chantal Goya ??!! Sérieusement ? C’est comme si les organisateurs de sortie, en gros les éducs, avaient pour unique but de maintenir les résidents dans la bêtise la plus complète. C’est pas fair-play… On sait très bien que l’ouverture d’esprit fonctionne aussi chez ce type de public. Enfin bref, la soirée avance et ma mère demande un lève personne pour pouvoir me coucher. L’aide soignante va donc chercher le lève-malade… Je ne peux pas m’empêcher de rectifier lève personne entre mes dents. Mais rien n’y fait, pour elle c’est un lève-malade. La personne en fauteuil n’est pas une personne mais un malade. Un malade doit être transporté, pas un personne. Ce genre de petit détail m’agace souverainement, je ne peux pas m’empêcher de le prendre comme une insulte.

un lève PERSONNE !

Il est 20h24 et j’ai déjà envie de me barrer, très, très loin. Je sors prendre l’air avec ma mère un petit quart d’heure. J’ai le temps d’entendre une aide-soignante s’approcher en soufflant d’une chambre dans laquelle on a besoin d’elle. S’adressant à sa collègue elle éructe un sympathique  » Qu’est ce qui veut ç’ui là ? » J’aurais été « ç’ui là » je l’aurai très mal pris. Bon c’est vrai c’est super chiant un myopathe. Il faut le nourrir, le laver, le lever, l’habiller, le coucher et en plus essayer de l’aider si il a besoin. Plus chiant qu’un chien et vachement moins doux au toucher. Cette sympathique kapo me rappelle les premières années où je venais. Les infirmières et aides-soignantes avaient décidé de me parler à la troisième personne, ou de parler de moi à travers mes parents. C’était formidable. Un traitement très humain des zaroulettes.

Enfin je sors, vite, pour ne pas tuer cette charmante personne.  Moi, j’ai 20 ans et ici personne ne me vouvoie. Certaines personnes ne m’ont jamais vues. En plus c’est pas des gens rencontrés en soirée. C’est des professionnels. Mais moi je ne suis qu’un myopathe alors pas besoin de me traiter avec respect. J’ai jamais passé le cap de leur répondre en tutoyant, à tester…

20h30 tout le monde au lit. Ici c’est la routine la plus totale qui règne. Coucher 20h30, levé 7h00, douche 7h30, Petit déj’ 8h tapantes. Une vraie utopie pour Kim-Jong -Hil. Le CMI c’est une petite Corée du Nord. Charmant. On regarde un film ultra intelligent pour compenser –> UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE D’ETTORE SCOLA.<–  Je traîne un peu, je dors très peu, avec un machin branché sur l’oreille. La nuit est entrecoupée par des discussions à voix hautes des personnes assurant le service de nuit, par les alertes des respirateurs et pas les bruits inhérents aux lieux médicalisés.

Un autre truc me dérange, c’est les lits. Les matelas sont emballés dans des housses plastiques. Juste recouvert pas un dessus de matelas en coton. Chez moi la housse de matelas est en coton. Le plastique c’est peut-être facile à nettoyer, mais en été, dormir dessus ça ressemble à de la torture. ça colle c’est infernal, abominable. Mais visiblement personne ne se plaint, ou personne n’écoute les plaintes.

Le matin à partir de 6h30, les fauteuils ayant chargés toute la nuit sont débranchés violemment. Une bonne journée qui commence :D . La routine se met en place, comme tout les jours de l’année, jusqu’à la mort. Oui, le CMI comme toutes les taules hospitalières, c’est aussi un mouroir. Les aides soignantes lèvent les jeunes avec leurs putains de lève-malade. Elle s’apostrophent de chambre en chambre, discutent comme si elles levaient des patates.

Je me rappelle une fois une aide soignante avait fièrement balancée à sa collègue dans une autre chambre  » Ginette (un nom au pif), j’ai réussi à le lever toute seule ! »  Dommage que si je veux lui en coller une ma main ne parviennent pas à se lever toute seule ! Et le pire je crois c’est que les madames elle gueulent tout le temps. On dirait qu’elle croient que la myopathie rend sourd en plus. Elles agissent comme beaucoup de gens agissent avec des handicapés, ou des étrangers. Comme si hurler rendait le propos plus clair.

Enfin on quitte cet endroit pour y revenir dans un an…

Alors oui, c’est vrai que les personnes qui vivent dans ce genre de centre demandent des soins très lourds, je sais aussi que tous les parents ne peuvent pas prendre en charge seuls leur gamin gravement handicapé. Parfois les installer dans ce genre d’établissement est la dernière solution. Soit, mais on ne m’enlèvera pas de la tête que les choses pourraient être mieux. Les résidents ne sont pas biens traités, leur intimité est inexistante. On ne les respecte pas en tant qu’individus. Aucune liberté, aucune possibilités d’évoluer dans la vie. Quand tu rentres au CMI tu n’en ressort plus. Ton existence est stoppée, la routine remplace la vie. Au nom du bien de tous les pensionnaires, l’équipe du personnel oublie les bases du respect des individus. Au nom de l’efficacité on néglige l’essentiel, le contact humain. J’ai aussi l’impression que ces taules à vieux, à handicapés, à malades psychiques servent à ranger les gens considérés comme gênants. On évite le mélange entre valides et à roulettes. Faudrait pas que cela donne des idées. Les handicapés avec les handicapés, les valides avec les valides. Si ça c’est pas de la ségrégation, ça y ressemble fortement.  Alors je sais aussi que l’équipe dirigeante et le personnel fait face à des baisses constantes de budget. Mais quand même certains gestes sont possibles dans l’état actuel des choses, comme frapper aux portes avent de rentrer. Ne pas oublier dans le rituel quotidien que les pensionnaires sont avant tout des personnes, pas des handicap ou des maladie. C’est plus du travail social, c’est de l’artisanat sur sujet vivant. Entre les appareils, les soins et les tranches horaires on oublie l’être humain. Mais l’État à décidé depuis un certain temps qu’il fallait rationaliser les dépenses de santé et de solidarité. Alors dans ce genre de centre, les coupes de budget se sentent tout de suite.  Il y réellement la nécessité de repenser notre fonctionnement solidaire. Le traitement que l’on inflige aux « différent-e-s » montre bien l’état merdique de notre société.

Feu à volonté !

Mais pour espérer changer les choses de façon utile il faut avant tout changer la société de fond en comble, et parfois une étincelle et un bidon d’essence peuvent faire l’affaire, du moins dans un premier temps….

J’ai des amis à l’UNEF en plus…

Je suis étudiant en histoire, donc en fac de lettres, donc c’est plein de gauchistes partout. Et ces gauchistes partout sont aussi souvent à l’UNEF « le » syndicat étudiant. Par contre ce qui est moins connu c’est l’humour de ce syndicat « de lutte » sic!.

En fait le topo c’est que l’UNEF organise comme chaque année un festival contre le racisme. Et là cette année les militant-e-s organisent une journée de sensibilisation au handicap chouette non ??

et pis l'image elle claque !

Ouais mais voila, le truc hilarant c’est que leur affiche ben je peux pas y accéder. C’est pas moi qui ai pris la photo c’est un pote valide. Les affiches sont posées dans un entresol, accessible exclusivement par escaliers, ou par ascenseurs ridiculement petits. En fait je crois que c’est le lieu le moins accessible de ma fac…

Des escaliers...

...trop d'escaliers...

...rhâââ putain d'escaliers !!!!!!!!!

Je crois que je vais y aller à cette journée de sensibilisation, histoire de les sensibiliser :)

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