Articles taggues ‘haine indiscible’

Ivre, Nicole Ferroni écrit une chronique.

Aujourd’hui, j’ai écouté une chronique d’une humoriste que j’apprécie, Nicole Ferroni. Une chronique du 2 décembre 2015.

Cette chronique précisément :

J’ai été fort surpris par les émotions qu’elle a provoqué chez moi, de bon matin, en ce jour de Saint-Myopathe.

Que dire face à autant de mièvrerie ? De bons sentiments visqueux comme du caramel, qui dégoulinent de cette chronique ? Face à ce validisme dégueulasse, d’autant pire à entendre qu’il vient de quelqu’un que j’estimais ?

Nicole, je vais devoir t’expliquer certains petits trucs, histoire que tu arrêtes de fumer la moquette.

C’est uniquement des citations exactes de sa c(hr)onique :

« Quand j’ai vu qu’il fallait aux gens valides des régionales deux weekends pour se mettre d’accord là où les handicapés n’en prennent qu’un, je me suis dis, bon, partons plutôt sur le téléthon »

Aux gens valides des régionales…. Dans le monde merveilleux de Nicole Ferroni les régionales sont un truc de valides m’voyez.  La politique, ça intéresserait les zandicapés ? Allons, vous n’y pensez pas ? Pourquoi faire ?

Et on va pas s’attarder sur le « gens » avant valide et sur le « les handicapés ». On a compris, nous ne sommes point des personnes.

Or donc nous serions tous unis pour le Téléthon…

Mais sii , le Téléthon vous savez, la foire charitable où on montre les pauvres petits myopathes pour tirer du cash ? Vous savez le truc dont se sert l’Etat pour pas payer la recherche ?

Très bien Nicole, parle nous donc du Téléthon, qu’on rigole…

« Savourons ces deux jours, où le temps d’un weekend le handicap sera normalité, et où ma collègue Nathalie, pourra se réjouir que sur sa fille Léa, atteinte du syndrome  Kabuki, on porte pendant ces deux petits jours un regard normal et admiratif »

Ah ouais quand même.

Pendant le téléthon le handicap est normalité, d’accord. Donc ça se trouve je peux aller dans n’importe quel magasin, resto, bar, appart ?

Genre le fait qu’on ai besoin de faire une émission spéciale une fois de l’an c’est pas une preuve ULTIME que le handicap n’est pas la norme ?

Et tu sais ce que j’en fais de tes regards admiratifs Nicole ? Hein ?  Mais bordel, c’est ça la norme ? Le regard de cocker anglais, mouillé par l’émotion et l’admiration ? Le sourire charitable de l’électeur FN ? C’est ça l’intérêt de la Saint-Myopathe? Su-per Nicole, vraiment.

« Car Charly a hérité de Petrucciani son amour du jazz et son physique très incongru »

Définition d’incongru :  pour une personne, manquer de bienséance, de savoir-vivre. Qui n’est pas correct.

C’est la définition Larousse ça.

Les mots, c’est importants les mots, Nicole. Je vois pas bien d’où tu te permets ce genre de jugement de valeur, sur l’aspect physique de Charly Valenza et de ce virtuose qu’était Petrucciani.

« Car oui les handicapés ont beaucoup d’humour, parce qu’ils n’ont pas le choix »

Et toi quand t’es pas drôle c’est un choix c’est ça ?

Certes, l’humour face à n’importe quelle situation difficile est un moyen de s’en sortir, mais ce n’est certainement pas réservé aux « handicapés » comme elle dit si bien, ouais parce qu’on est un groupe homogène en fait, une ethnie infra-humaine, avec des physiques incongrus et un sens de l’humour inné.

Tu vois Nicole, le blem avec ton raisonnement un peu débile, c’est que tu oublies que nous sommes des personnes, et que, comme pour le reste de l’humanité, il y a des différences entre les individus.

« Globalement les handicapés rigolent beaucoup, c’est à ce demander si ils ne vont pas s’ennuyer le jour où la recherche les aura tous soignés »

gnnnnn

Nan, t’es sérieuse là ? Tu dis ça sur France Inter à une heure de grande écoute ? Avoue, c’est Patrick Sébastien ton co-auteur non ? C’est potache land ma parole.

Perso je pense que je vais rire autant avant qu’après. Enfin pour ton info, tous les handicaps ne sont pas « soignables ».

Ton validisme est-il soignable ?

« Pour espérer un jour un monde sans handicap »

Y’avait un mec à un moment qui rêvait d’un monde comme ça, Alphonse ? Non, Alain ? AH C’EST BON J’AI !! Adolf ! (Point godwin assumé nom de dieu)

Arrête d’espérer Nicole, c’est infaisable un monde où tout le monde est valide. C’est juste biologiquement impossible.

« Le handicap c’est la fourmi qui porte sur son dos un poids bien plus gros qu’elle, mais c’est une fourmi qui serait cigale car elle fait le tout en chantant »

Ouaiiis, on est tous super courageux ! Courageux de quoi au fait ? De vivre en étant ce que nous sommes ?

J’avoue ça doit être chaud pour toi, à dire autant de bêtises en si peu de temps, j’aurais grave du mal à assumer.

Et en plus d’être courageux, on arrive à être heureux, le truc de ouf malade. J’adore quand une personne (ouais je sais c’est un terme si complexe à maîtriser) valide, trouve qu’on a tellement une vie de merde que pour la supporter on doit être super forts (hihi)

« Alors pour ces âmes cabossées il ne nous reste qu’à bosser »

AZY d’où je suis cabossé ? Tu veux te taper c'est ça ?

Ah donc ça veut dire qu’une personne libre de ses mouvements est jamais cabossées par la vie ? Et que forcément une personnes handicapée l’est par défaut ?

Heureusement que tu es là Nicole, pour m’apprendre ce que c’est de vivre avec une limitation fonctionnelle.

En tout cas t’as un truc de juste, va falloir que tu bosses un max pour te rattraper, parce que tu me fais plus rire.

Libération des Handicapés 2

C’est pas un gros article.

Mais c’est pas graveuh.

Libération a encore frappé.

Je crois qu’il y a un truc chez eux avec les titres qui parlent des personnes en situation de handicap.

J’ai quelques notions de journalisme, et je sais que accrocher le regard ce n’est pas aisé, et que les tournures les plus fortes sont les plus efficaces.

Mais là,  le titre c’est « Le sexe bientôt accessible aux Handicapés ? »

Sérieusement Libération ? SERIEUSEMENT???

Nan mais sérieuuux quoi

Voilà l’article incriminé, qui date de hier

Ce qui est bien dommage, c’est que le fond du papier est plutôt pas mal fichu, pour ce qui est de l’aspect juridique. Malgré tout, le titre fait un peu pencher la balance vers un soutien à l’Assistance Sexuelle.

Ce qui me chagrine, outre le désormais fameux « les zandicapés », c’est surtout le « Le sexe bientôt accessible »

Parce que bon okay, Libé, comme les autres, a un peu de mal à nous prendre pour des vrais personnes. Nous sommes notre handicap et surtout rien d’autre. Et pis ce qui est bien, c’est que ça regroupe tous les gens pas super valides.

Donc en plus de nous traiter comme de la merde, ce terme implique que nous sommes un groupe social à part entière. Su-per.

Or donc Libération pose la question, est-ce que enfin les infrahumains vont pouvoir baiser, nom de dieu de nom de dieu.

Sont bien gentils. De se soucier de notre peuple comme ça. C’est vrai que aucune personne en situation de handicap n’a jamais pu accéder aux délices de la chair, ça se saurait quand même. Les zandicapés ça peut pas, parce que c’est han-di-ca-pé. Tout est dans le nom, un ou une zandicapé ça peut rien faire. Et expliquer ses besoins ça peut surtout pas. Il faut des professionnels, c’est zobligatoire.

Peut-être que, selon Libération (toujours en me fiant au titre), grâce à la glorieuse Assistance Sexuelle l’indigente populace infirme aura une chance d’approcher un ou une valide (pas un ou une autre zandicapé ça serait trop dégueuuu) , tout en gardant des rapports professionnels. J’veux dire, on va pas non plus pousser le vice jusqu’à ce que des valides se compromettent sentimentalement avec la fange déficiente. Faudrait voir à pas déconner !

L’Assistance Sexuelle me dégoûte c’est pas nouveau.

Et ce titre d’article est dégueulasse.

Vraiment Libé, vous commencez à me chauffer.

Libération des handicapés!

Aujourd’hui je suis tombé sur un article de Libération.

Jusque là, ça va.

C’était un article qui parlait des commemoi, les personnes en situation de handicap. Si j’utilise le mot komilfo c’est que c’est important. C’est pas que du politiquement correct. Pour une fois qu’un terme officiel désigne parfaitement une réalité, je vais pas me gêner !

Le handicap est une situation, une situation causée par la société. Le handicap est l’expression de la discrimination dont sont victimes les individus ayant une limitation fonctionnelle. Voilà ça c’est dit. Et ça fait vachement sérieux en plus.

Or donc je suis tombé sur un article de Libération. Et j’avoue avoir été super achement déçu.

J'ai mal à mon journalisme :'(

L’article était titré : 10 ans après, les handicapés se sentent toujours abandonnés

BON donc comme j’ai mis plus haut, le handicap est censé être une situation…

Mais visiblement chez Libé ils en ont rien à foutre des concepts.

Rien que ce petit « les handicapés » est insupportable.

« - Eh dit Gérard (le pote à l’auteur) c’est quoi un handicapé ?

- Ben, euh, en fait, c’est comme une personne tu vois ?

- Ouais

- Sauf que c’est pas vraiment une personne, parce que elle marche pas en fait, ou alors elle voit pas, ou elle entends pas. En tout cas elle est pas comme nous !

- Ah ouais okay je vois, merci mec ! J’avais un doute là.  »

Si il y avait que Libé qui niait notre humanité ça irait. Mais c’est partout, tout le temps, dans les médias. Nous sommes notre situation, nous sommes notre maladie. C’est ce qui nous définit, pour le validiste…

Validiste dans son milieu naturel

C’est légèrement brise-essieu !

Et Libé, en une phrase, continue son travail de sape mental.

Les zandicapés se « sentent » donc « abandonnés »

Or, ce n’est nullement un sentiment, la réalité est que les 10 % de la population française officiellement en situation de handicap sont mis au ban de la société. Ce n’est pas un sentiment d’abandon, c’est la mise en place systématique de barrières visant à nous maintenir à la marge.

Au risque de choquer le journaliste ou la journaliste, (à vrai dire j’en sais rien, c’est même pas un vrai taff de journaliste c’est « Libération avec l’AFP » l’auteur)les handicapés, sont des personnes, victimes d’une ségrégation.

Nous ne sommes pas des petits animaux fragiles qui se sentent abandonnés par leurs méchants maîtres. Nous ne sommes pas des putains de labradors attachés à un arbre sur une aire d’autoroute le 15 août à 12H45 !

Le meilleur ami de l'homme, c'est l'handicapé

Et sinon, oui, j’ai lu l’article. C’est que des citations des associations gestionnaires, complices de l’Etat !

Y’a des baffes qui se perdent.

Assistanat sexuel : voie de garage à fauteuils…

Actuellement l’assistance sexuelle est un sujet de débats importants dans le milieu du handicap. J’ai l’impression que le discours dominant sur cette question est plutôt dans le sens de l’application en France de ce dispositif, pour l’instant illégal.

Je suis foncièrement contre. Je ne suis pas le seul à penser ça, hein, mais je pense que cette position doit être affirmée le plus souvent possible. Une prise de position intéressante ici sur Rue 89 et là sur le blog Célinextenso.

Bon alors pourquoi je suis contre, hein, pourquoi ?

Pour un tas de raisons ultra sérieuses et tout.

On peut se demander en quoi l’A.S (ouais je suis fainéant!) diffère de la prostitution. Le principe est quand même de payer des gens pour accomplir des actes sexuels sur une autre personne. Bon okay seront pas payé-es à la tâche, il n’y aura pas la pression d’un mac, cela ne sera pas à l’origine de grands trafics de chair humaine, mais au fond le principe, lui, est celui de la prostitution.

Ce qui est le plus frappant là-dedans, c’est que la plupart des handis qui demandent la mise en place de l’A.S sont des hommes, le plus souvent hétéros. Je ne vois pas comment la mise en place de l’A.S pourrait lutter efficacement contre la reproduction de l’oppression patriarcale. Il est aussi clair que le terme d’assistantes sexuelles est nettement plus utilisé que le terme d’assistant sexuel. D’ailleurs ce constat peut se faire quand on voit l’interview de Eric Fassin dans Libé. L’utilisation du terme de « sexualité pour tous », la non-féminisation du terme de handicapé ne sont pas anodins.

Il semblerait encore une fois que la sexualité féminine ne fasse pas partie des préoccupations. Ce qui n’est pas franchement nouveau ni étonnant. Cela va aussi de paire avec l’idée foireuse que les hommes ont des « besoins » à assouvir.

On s’en tape du désir des handinanas m’voyez

D’ailleurs cela rejoint un autre argument avancé par les pro-A.S, qui est que la sexualité est un droit et que son accès doit être garanti aux handicapé-e-s. Je ne suis pas persuadé que cela soit un besoin vital.  Certes une sexualité épanouie fait partie du bien-être mais de là à l’inscrire comme un droit de l’humain cela me paraît quelque peu exagéré. Cette idée appelle une autre interrogation. Comment se fait il que les difficultés sexuelles des handicapé-e-s soit l’origine d’un projet comme l’A.S ? Cela voudrait il dire qu’il n’y a que nous qui sommes dans cette situation? Que les valides qui sont seuls, dans un état de manque affectif et sexuel n’ont qu’à aller aux putes ? Que le handicap est la seule raison qui vaille pour chercher à arranger la situation ?

Bah, leur sexualité charitable à la mord moi le noeud (z’auront le droit de faire ça les assistant-e-s ou bien ? :D ) ils peuvent se la garder. Nous les pauvres petit-e-s à roulettes, incapables de nous tripoter seul-e-s devant un porno (ou devant rien, imagination quand tu nous tiens !), victimes de notre incapacité masturbatoire sommes les seules dignes d’être sauvé-es ! Loués soient les nouveaux prêtres de la sexualité étatique, standardisée et aseptisée. Quel futur !

Séparer la sexualité de son caractère excitant, la voir comme un acte médical nécessaire détruit à mon sens l’intérêt du bidule. Surtout que si on voit l’A.S comme une aide à la masturbation, cela limite fortement l’accès à la sexualité, qui est multiforme.

Inscrire ça comme la sexualité à laquelle nous avons droit me file la gerbe. C’est un pis-aller, une voie de garage finale pour les handis. C’est un droit au rabais qu’on essaye de nous vendre. Cela va être une raison de plus pour nous faire la fermer. « De quoi vous vous plaignez  !? Vous avez l’A.S pour baiser non ?? Alors faites pas chier avec votre égalité ! ». L’A.S évite de se poser les vraies questions à mon avis. Le pourquoi de la dèche sexuelle dans laquelle nombre d’handis se trouvent n’est pas cherché. On nous donne la solution qui évite au maximum de s’interroger sur notre société.

Une sexualité à deux vitesses en somme ! Et ben moi je l’emmerde leur sexualité adaptée ! J’ai pas besoin de l’aide de professionnel-le-s pour m’amuser. Certes des tas d’handis n’ont pas la vie que j’ai, hors des mouroirs institutionnels. Mais pour moi apporter aux handis enfermés un dispositif sexuel adapté renforce la marginalisation.

Faudrait un kamasutra à roulettes.

Un autre problème apparaît avec l’A.S, c’est l’idée qu’il existe UNE sexualité, à laquelle nous avons droit. Elle sera spécifiée, codifiée si l’A.S est mis en place. Sauf que, qui va décider de ce qu’est la sexualité acceptable ? Je veux dire chacun son truc quoi. L’acte sera-t-il lié à la préférence sexuelle ? Visiblement pas, vu que les pro-A.S considère l’acte sexuel comme détaché de l’affectif, un acte tout simplement médical. Une sexualité selon les normes de notre société bourgeoise ne m’intéresse pas.  Et les handis adeptes de bondage ou de sexe SM feront quoi ? Va y’avoir des formations cordes au sein de la future A.S ? Spécialisation cire chaude ? Nan, plus sérieusement c’est vraiment quelque chose qui m’inquiète.

Je crois vraiment que l’A.S n’est pas la bonne solution pour garantir l’accès plus vaste à une sexualité digne pour les handis. Ceux qui voient justement en l’A.S une voie digne je leur dirais qu’ils se trompent mais genre vachtement très. Où est la dignité à réserver ses heures de masturbation, prendre rendez-vous etc. Quelle dignité à se faire tripoter la nouille (ou le clitoris) par un-e travailleur en fin de journée de taf ? Une main sur le pubis l’autre cachant un bâillement… Non, franchement cette société future me fait vraiment, vraiment envie, y’a pas à dire…

D’ailleurs pour rejoindre l’auteur de Rue 89 je pense qu’il serait intéressant que les ergothérapeutes et les fabricants de sex-toys s’intéressent à l’adaptation des jouets. Quitte à avoir besoin d’aide pour installer l’engin mais pour enfin prendre son pied seul-e-s, avec nos images dans notre tête, tranquilles quoi ! Surtout que je suis sûr qu’il y aurait un foutu marché ! Des solutions existent, mais l’A.S est pour moi la pire.

Quand va on vraiment de dire que la société toute entière doit bouger pour mieux nous accepter ? Qu’enfin la majorité des valides comprennent que nous sommes toustes des partenaires potentiel-es ? Que la sexualité peut être super même quand le mec est pas dessus et qu’il a pas de beaux muscles saillants, même quand les filles ne sont pas  taillées comme des (Klaus) Barbies ?

Valides et valides, va falloir se rendre compte qu’il existe plusieurs voies qui amènent au plaisir ! Ouais exactement comme dans Intouchables ! Va falloir s’ouvrir la tête. Il paraît que la contrainte est source d’innovations en plus, c’pas génial ?

Alors quoi z’attendez quoi pour nous draguer, merde ! :D

Peace.

(Je tiens à remercier Motorhead, Twisted Sisters, et Otis Redding pour leurs participations à cet article, vazy clique sur les liens tsé :D )

Dessin Fabian Lemaire

Les vacances se finissent, et je dois dire que ce dessin arrive à point nommé pour relancer ce blog à la rentrée, après quelques mois de mollesse. Mollesse qui est exclusivement liée à la fainéantise de son auteur, mais ça j’en ai déjà parlé. Enfin bref, me re-voila.

Ce dessin à la fois, clair, net et précis, c’est Fabian Lemaire que me l’a fait, le directeur de publication et néanmoins dessinateur dans Fakir (vazy clique), le journal alternatif, indépendant, à lire absolument,  toussa toussa.

Merci bien m’sieur Lemaire.

A plus lecteur/trice.

Beau comme un CMI qui brûle…

Il y a quelques jours je suis allé passer la nuit dans un CMI. CMI c’est les initiales de Centre Médico Infantile. J’y suis allé pour passer, comme chaque année depuis un certain temps, une série d’examens nocturnes. Même si je me passerai bien de ce genre d’immersion ça me permet de faire un petit compte-rendu de ma visite. Ne nous trompons pas un CMI c’est une taule. Une taule pour handicapés, certes, mais une taule.


Je dois y arriver à 20h pour y passer la nuit. J’arrive à 20h05. Être en retard c’est la règle numéro 1. Cet endroit donne la chair de poule quand on y rentre. Déjà, dans le hall d’entrée un tas de fauteuils roulant vous accueille. J’en ai compté 13, qui semblent dire bienvenue. Le deuxième truc qui te saute à la figure c’est l’odeur. Ça sent le désinfectant à plein nez. Il faut dire que cet internat ressemble beaucoup à un hôpital. Les personnes qui logent sont toutes atteintes de handicaps très graves et souvent multiples. En plus d’être myopathes ils sont déficients intellectuels. Une infirmière nous accueille et nous conduit à la chambre « d’invités » au bout du bout du bâtiment. Les données géographiques de la chambre sont 45°43’32.53″ N ; 3°05’32.47″ E, allez voir sur Google Earth vous trouverez cet endroit merveilleux. La traversée est longue et éprouvante. En effet les résidents se couchent et ici on ne ferme pas les chambres. Donc avec ma mère qui m’accompagnait nous avons pu voir tout le monde en train de se faire manipuler, installés dans leurs lits. L’intimité est inconnue ici. Le personnel n’en a rien a foutre. Le but c’est de fonctionner le plus rapidement et économiquement possible. Entre les traitements, les couchers, les repas, c’est  à la minute près. On arrive enfin dans la chambre, que l’on s’empresse de fermer. Pour s’isoler d’un monde qui n’est pas le notre, et que l’on nous envoie en pleine poire sans autre forme de procès.

La chambre est grande pour laisser la place pour les fauteuils, mais ce n’est certainement pas un lieux fait pour vivre. Tout d’abord il n’y a pas une chaise. Pas besoin, qui irait rendre visite à des handicapés ? Franchement, ils sont mieux entre eux… Dans un coin il y a un lavabo, tellement coincé que si je veux l’utiliser, personne ne peut l’atteindre avec moi pour m’aider. Une poubelle  à pédalier trône non loin. C’est fait pour le personnel, lors des soins et des actes quotidiens.  Les interrupteurs et les commandes de volet roulant me sont inaccessibles. Surtout aucune possibilités de se démerder tout seul. On sent bien que le but c’est toujours plus d’efficacité. Déjà les personnes internes ne peuvent quasiment pas agir sur leur environnement mais en plus aucun effort n’est fait pour parvenir à plus d’autonomie. On va pas me faire croire que c’est une vie. C’est au mieux une survie dans ce genre de centres. Sur les murs, des photos publicitaires de camions Renault. C’est même pas sûr que ça soit un choix de la personne dont je récupère la chambre pour la nuit. L’année dernière il y avait une affiche d’un concert de Chantal Goya, bonjour le niveau. C’est vrai que les jeunes sont déficients intellectuels, mais Chantal Goya ??!! Sérieusement ? C’est comme si les organisateurs de sortie, en gros les éducs, avaient pour unique but de maintenir les résidents dans la bêtise la plus complète. C’est pas fair-play… On sait très bien que l’ouverture d’esprit fonctionne aussi chez ce type de public. Enfin bref, la soirée avance et ma mère demande un lève personne pour pouvoir me coucher. L’aide soignante va donc chercher le lève-malade… Je ne peux pas m’empêcher de rectifier lève personne entre mes dents. Mais rien n’y fait, pour elle c’est un lève-malade. La personne en fauteuil n’est pas une personne mais un malade. Un malade doit être transporté, pas un personne. Ce genre de petit détail m’agace souverainement, je ne peux pas m’empêcher de le prendre comme une insulte.

un lève PERSONNE !

Il est 20h24 et j’ai déjà envie de me barrer, très, très loin. Je sors prendre l’air avec ma mère un petit quart d’heure. J’ai le temps d’entendre une aide-soignante s’approcher en soufflant d’une chambre dans laquelle on a besoin d’elle. S’adressant à sa collègue elle éructe un sympathique  » Qu’est ce qui veut ç’ui là ? » J’aurais été « ç’ui là » je l’aurai très mal pris. Bon c’est vrai c’est super chiant un myopathe. Il faut le nourrir, le laver, le lever, l’habiller, le coucher et en plus essayer de l’aider si il a besoin. Plus chiant qu’un chien et vachement moins doux au toucher. Cette sympathique kapo me rappelle les premières années où je venais. Les infirmières et aides-soignantes avaient décidé de me parler à la troisième personne, ou de parler de moi à travers mes parents. C’était formidable. Un traitement très humain des zaroulettes.

Enfin je sors, vite, pour ne pas tuer cette charmante personne.  Moi, j’ai 20 ans et ici personne ne me vouvoie. Certaines personnes ne m’ont jamais vues. En plus c’est pas des gens rencontrés en soirée. C’est des professionnels. Mais moi je ne suis qu’un myopathe alors pas besoin de me traiter avec respect. J’ai jamais passé le cap de leur répondre en tutoyant, à tester…

20h30 tout le monde au lit. Ici c’est la routine la plus totale qui règne. Coucher 20h30, levé 7h00, douche 7h30, Petit déj’ 8h tapantes. Une vraie utopie pour Kim-Jong -Hil. Le CMI c’est une petite Corée du Nord. Charmant. On regarde un film ultra intelligent pour compenser –> UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE D’ETTORE SCOLA.<–  Je traîne un peu, je dors très peu, avec un machin branché sur l’oreille. La nuit est entrecoupée par des discussions à voix hautes des personnes assurant le service de nuit, par les alertes des respirateurs et pas les bruits inhérents aux lieux médicalisés.

Un autre truc me dérange, c’est les lits. Les matelas sont emballés dans des housses plastiques. Juste recouvert pas un dessus de matelas en coton. Chez moi la housse de matelas est en coton. Le plastique c’est peut-être facile à nettoyer, mais en été, dormir dessus ça ressemble à de la torture. ça colle c’est infernal, abominable. Mais visiblement personne ne se plaint, ou personne n’écoute les plaintes.

Le matin à partir de 6h30, les fauteuils ayant chargés toute la nuit sont débranchés violemment. Une bonne journée qui commence :D . La routine se met en place, comme tout les jours de l’année, jusqu’à la mort. Oui, le CMI comme toutes les taules hospitalières, c’est aussi un mouroir. Les aides soignantes lèvent les jeunes avec leurs putains de lève-malade. Elle s’apostrophent de chambre en chambre, discutent comme si elles levaient des patates.

Je me rappelle une fois une aide soignante avait fièrement balancée à sa collègue dans une autre chambre  » Ginette (un nom au pif), j’ai réussi à le lever toute seule ! »  Dommage que si je veux lui en coller une ma main ne parviennent pas à se lever toute seule ! Et le pire je crois c’est que les madames elle gueulent tout le temps. On dirait qu’elle croient que la myopathie rend sourd en plus. Elles agissent comme beaucoup de gens agissent avec des handicapés, ou des étrangers. Comme si hurler rendait le propos plus clair.

Enfin on quitte cet endroit pour y revenir dans un an…

Alors oui, c’est vrai que les personnes qui vivent dans ce genre de centre demandent des soins très lourds, je sais aussi que tous les parents ne peuvent pas prendre en charge seuls leur gamin gravement handicapé. Parfois les installer dans ce genre d’établissement est la dernière solution. Soit, mais on ne m’enlèvera pas de la tête que les choses pourraient être mieux. Les résidents ne sont pas biens traités, leur intimité est inexistante. On ne les respecte pas en tant qu’individus. Aucune liberté, aucune possibilités d’évoluer dans la vie. Quand tu rentres au CMI tu n’en ressort plus. Ton existence est stoppée, la routine remplace la vie. Au nom du bien de tous les pensionnaires, l’équipe du personnel oublie les bases du respect des individus. Au nom de l’efficacité on néglige l’essentiel, le contact humain. J’ai aussi l’impression que ces taules à vieux, à handicapés, à malades psychiques servent à ranger les gens considérés comme gênants. On évite le mélange entre valides et à roulettes. Faudrait pas que cela donne des idées. Les handicapés avec les handicapés, les valides avec les valides. Si ça c’est pas de la ségrégation, ça y ressemble fortement.  Alors je sais aussi que l’équipe dirigeante et le personnel fait face à des baisses constantes de budget. Mais quand même certains gestes sont possibles dans l’état actuel des choses, comme frapper aux portes avent de rentrer. Ne pas oublier dans le rituel quotidien que les pensionnaires sont avant tout des personnes, pas des handicap ou des maladie. C’est plus du travail social, c’est de l’artisanat sur sujet vivant. Entre les appareils, les soins et les tranches horaires on oublie l’être humain. Mais l’État à décidé depuis un certain temps qu’il fallait rationaliser les dépenses de santé et de solidarité. Alors dans ce genre de centre, les coupes de budget se sentent tout de suite.  Il y réellement la nécessité de repenser notre fonctionnement solidaire. Le traitement que l’on inflige aux « différent-e-s » montre bien l’état merdique de notre société.

Feu à volonté !

Mais pour espérer changer les choses de façon utile il faut avant tout changer la société de fond en comble, et parfois une étincelle et un bidon d’essence peuvent faire l’affaire, du moins dans un premier temps….

Parfois, des pulsions meurtrières m’assaillent…

J’aime pas les gens qui se garent sur les places handicapées… Et la tolérance me diriez vous, et la vision nuancée me rétorqueriez-vous. La tolérance, soit, mais pas avec les intolérants. La nuance ? soit, J’aime pas les gens qui se garent sur les places handicapées, sauf les personnes handicapées qui se garent dessus ! ça vous va ? ^^

Tout le monde à forcément une bonne raison de le faire.

Il y a des situations où "un flic une balle justice sociale" prend tout son sens ^^

Raison numéro 1 : J’en ai pour 5 minutes, juste le temps d’aller acheter le pain/des clopes/Closer…

Raison numéro 2 : Il y a plein de places libres, alors si je me gare sur l’une d’elle ça va pas déranger.

Raison numéro 3 : Je suis un-e gros-se con-ne en 4×4/Berline  BMW/Mercedes/Porsche et je t’emmerde.

Raison numéro 4 : Ah pardon, j’avais pas vu (entendue pas plus tard que mercredi)

Il convient d’adopter une riposte graduée à ces différentes raisons :

1ere raison : Une affichette suffit, du style « Si vous prenez ma place prenez mon handicap »

2ème raison : Attendre la personne et lui faire remarquer l’absence de logique de son raisonnement. En effet, ça viendrai jamais à l’idée de quelqu’un de se poser sur une place de transport de fonds ou de squatter un emplacement taxi.

3ème raison : L’euthanasie sur personne non consentante est malheureusement qualifiée de meurtre.

4ème raison : non, non définitivement l’humanité n’est pas à sauver.

L’action de se poser sur une place handicapée n’est pas sans importance. C’est pas juste une histoire de principe.

Une place handicapée c’est (à priori) large, bien placé et pratique pour se garer. Le fait que certaines restent vides longtemps est simplement du au fait que les handicapés ne sortent pas. Et malgré une quantité importante de place les communes seraient dans la merde si tous les handicapés se mettaient à sortir.

Je pense que c’est important de parler de ces places car j’ai bien l’impression que certaines personnes ont encore du mal à saisir l’intérêt de ces place. En preuve les déchaînements dans les commentaires causés par la publication d’une VDM sur Vie de Merde :

« Aujourd’hui, ma mère ne trouve pas de place pour se garer. Exaspérée, elle prend la place pour handicapés, me regarde droit dans les yeux et me dit : « Surtout, reste bien dans la voiture. Pour qu’on voie que c’est justifié. » VDM »

Alors oui on peut rire de tout. Encore faut-il que ça soit drôle. Ce qui me gêne le plus c’est pas la blague, c’est les commentateurs. C’est ahurissant avec quelle rapidité, ces personnes, peuvent tenir un discours gerbant sur les handicapés. Le racisme on connaît, la xénophobie aussi. Faut-il parler d’handi-phobie ? Je suis pas sûr, y z’ont pas peur, c’est juste des réacs égocentriques à tendance malthusienne . Mais avoir une pensée à ce point méprisante est ahurissante :

Florilège :

Il y a toujours au moins dix places libres, à peine une de prise, donc si c’est pour rester 5 minutes et que ce n’est pas par fainéantise, je ne vois pas où est le problème. C’est incroyable de se révolter pour si peu…

Être handicapé ne donne pas tous les droits quand même. La plupart que je croise sont sans gêne, malpolis car ils pensent que leur handicap les dispensent des règles de politesse.
Les dernières lois obligent d’avoir un nombre beaucoup trop important de place pour handicapé !
Le pire c’est qu’elles ne sont jamais utilisée ! En general y’a une place handicapée prise sur 10 place handicapée libre (en proportion).
Quand c’est 2/10 on peut jouer au loto, le truc qu’on voit que tous les 5 an.

(…) et pour information juste comme ca, les places livraison, les places taxis, les places polices et gendarmerie, les places transports de fond… c’est quoi tu prend ma place tu prend mon travail? Il n’y a pas que les places handicap qui sont prise d’assault…

OK donc on prend pas les places PMR, mais dans ces cas là, les PMR ne prennent QUE leurs places réservées!!! Ce qui n’est pas toujours le cas…Comme parfois certaines places non réservées sont + près de l’endroit où ils veulent aller, ils prennent celles-là…Et nous, on se gare où après? Hein?

-Fin du Florilège-

Alors je sais pas vous, mais moi, j’en attendrai pas moins de fachos… Sauf que ce sont sûrement des gens « normaux ». Et dans la vraie vie il faut voir ce que l’on entend quand on fait remarquer à quelqu’un qu’il/elle n’a pas à se garer sur une place handicapée. Testez vous allez voir, des fois on se fait engueuler.

La place des handicapés n’est pas encore assurée (sans mauvais jeu de mots) dans notre société.

Ben voila, avec mes conneries je serai jamais libéré ! Eh merde...

Le pardon est chrétien…

Dommage pour eux, je suis athée !

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