Articles taggues ‘lutte’

Libération des handicapés!

Aujourd’hui je suis tombé sur un article de Libération.

Jusque là, ça va.

C’était un article qui parlait des commemoi, les personnes en situation de handicap. Si j’utilise le mot komilfo c’est que c’est important. C’est pas que du politiquement correct. Pour une fois qu’un terme officiel désigne parfaitement une réalité, je vais pas me gêner !

Le handicap est une situation, une situation causée par la société. Le handicap est l’expression de la discrimination dont sont victimes les individus ayant une limitation fonctionnelle. Voilà ça c’est dit. Et ça fait vachement sérieux en plus.

Or donc je suis tombé sur un article de Libération. Et j’avoue avoir été super achement déçu.

J'ai mal à mon journalisme :'(

L’article était titré : 10 ans après, les handicapés se sentent toujours abandonnés

BON donc comme j’ai mis plus haut, le handicap est censé être une situation…

Mais visiblement chez Libé ils en ont rien à foutre des concepts.

Rien que ce petit « les handicapés » est insupportable.

« - Eh dit Gérard (le pote à l’auteur) c’est quoi un handicapé ?

- Ben, euh, en fait, c’est comme une personne tu vois ?

- Ouais

- Sauf que c’est pas vraiment une personne, parce que elle marche pas en fait, ou alors elle voit pas, ou elle entends pas. En tout cas elle est pas comme nous !

- Ah ouais okay je vois, merci mec ! J’avais un doute là.  »

Si il y avait que Libé qui niait notre humanité ça irait. Mais c’est partout, tout le temps, dans les médias. Nous sommes notre situation, nous sommes notre maladie. C’est ce qui nous définit, pour le validiste…

Validiste dans son milieu naturel

C’est légèrement brise-essieu !

Et Libé, en une phrase, continue son travail de sape mental.

Les zandicapés se « sentent » donc « abandonnés »

Or, ce n’est nullement un sentiment, la réalité est que les 10 % de la population française officiellement en situation de handicap sont mis au ban de la société. Ce n’est pas un sentiment d’abandon, c’est la mise en place systématique de barrières visant à nous maintenir à la marge.

Au risque de choquer le journaliste ou la journaliste, (à vrai dire j’en sais rien, c’est même pas un vrai taff de journaliste c’est « Libération avec l’AFP » l’auteur)les handicapés, sont des personnes, victimes d’une ségrégation.

Nous ne sommes pas des petits animaux fragiles qui se sentent abandonnés par leurs méchants maîtres. Nous ne sommes pas des putains de labradors attachés à un arbre sur une aire d’autoroute le 15 août à 12H45 !

Le meilleur ami de l'homme, c'est l'handicapé

Et sinon, oui, j’ai lu l’article. C’est que des citations des associations gestionnaires, complices de l’Etat !

Y’a des baffes qui se perdent.

Article Respect Mag Version Longue Director’s Cut.

Il y a quelques temps Respect Mag m’a demandé de leur faire un p’tit article pour leur numéro Hors Série de Novembre. Enthousiaste comme je suis j’ai écrit une version trop longue qui ne sera donc pas publiée (en plus de la bonne hein). Je pense néanmoins qu’elle a toute sa place ici. C’est un texte assez généraliste d’où le besoin de faire l’intro que je suis en train de faire, en direct live sous vos yeux ébahis et qui est finie dès ce point là –> . <–

Un jour une gentille « madame » questionne ma petite sœur sur sa famille. Au cours de la conversation elle dit «  J’ai un frère à l’université et mon frère il est en fauteuil » avec la tournure chaotique propre aux gamines. La dame, sans se poser de question est partie de la supposition que ma sœur avait deux frères, l’un à roulettes, l’autre qui fait des études. Or, il n’y a de frère que moi, l’étudiant en fauteuil.

Je crois que cette anecdote véridique illustre bien le problème central que beaucoup d’estropiés en tout genre connaissent. La perception du handicap est assez éloignée de la réalité.

Si on est dans un fauteuil la plupart des gens considèrent que le cerveau déconne aussi. Combien de fois des personnes aussi bien intentionnées que débiles m’ont gentiment passé la main dans les cheveux, me parlant comme à un demeuré pour se rendre compte finalement que, ouais, j’ai eu mon bac. Rien de plus jouissif que de les voir comprendre un peu tard que le fauteuil ne fait pas le handicap.

Les regards qui se posent sur moi sont variables, là on me prend pour déficient intellectuel, ici on ne comprend pas comment je peux être aussi joyeux, souriant, tout simplement heureux avec ce qui m’arrive. D’avoir grandi avec un handicap fait que pour moi la question du bonheur ne se pose pas et mieux que ça, la tristesse est une perte de temps. Les gens se disent qu’ils sont bien lotis et nous plaindre doit apporter une espèce de satisfaction judéo-chrétienne à la con. Le paradis est assuré pour les compatissants. Eh bien, j’avoue, la compassion, moi, ça me débecte. Voir n’importe quel passant me regarder l’œil luisant de bons sentiments et de tristesse, soulagé de n’être pas à ma place me donne des envies de meurtre. Et le pire du pire c’est que ce même genre de personnes, dans une file pour une attraction, une queue pour un ciné ou autre me marchera dessus pour me passer devant. Dès que l’intérêt du valide neuneu est en jeu c’est : dégagez les infirmes. Plaindre le myopathe du village évite de s’interroger sur l’accessibilité dudit village « Oh le pauvre, il est handicapé, oh le pauvre, il ne peut pas circuler dans le village, oh le pauvre il… Gérard mets la deux s’il te plaît c’est l’heure des infos… ». La bonne conscience ne me fait pas passer les trottoirs.

Mais la compassion dure un temps. Dès qu’un handicapé tend à vouloir critiquer sa situation, il devient des plus emmerdant. Souvent, quand je réclame, avec impudence, l’application stricte de mes droits les plus élémentaires comme, l’accès à l’éducation ou à l’autonomie, très vite je sens que je gêne. Je suis sorti de mon rôle du mignon petit handicapé docile qui prend ce qu’on lui donne et qui remercie qu’on daigne lui accorder du temps. Et cette sortie du rôle attendu est sévèrement punie, le rejet survient et les responsables de ceci ou de cela prennent l’air le plus condescendant possible pour expliquer au con inconscient que je suis l’impossibilité de sa demande.

L’handicapé doit être gentil, s’il n’est pas gentil : tout s’écroule. Dès qu’il s’exprime, dès qu’il se bat pour ne plus être discriminé, incompris, rangé dans une case, le pauvre petit éclopé dont le paradis est assuré, alors là il devient méchant, très méchant-vilain-pas beau.

Eh bien soit, méchant, je suis et je resterai.

Voilà !

Bonus sorti du nulle part :

Comment ça je suis pas adapté ?

Comment ça je suis fainéant ? Nan là je vois pas , mais alors pas du tout…

Je vais même pas tenter de justifier mes 3 mois d’inactivité, je crois que même avec toute la mauvaise foi dont je suis capable (et je suis pas mauvais) je n’y arriverai pas,  alors autant éviter.

Je pense à adhérer (dessin de Larcenet piqué sur son site)

Or donc, je reprends du service…

Récemment, je me suis rendu dans une salle de concert vers chez moi, La Coopérative de Mai pour être précis. J’allais voir un truc pas trop connu , donc avec une salle pas bien pleine, donc avec une jauge petite. Ce qui fait que les organisateurs n’avaient pas ouvert  jusqu’aux gradins où j’ai l’habitude de prendre place.

Je suis donc arrivé et l’on m’a uniquement proposé de rester dans la fosse ou d’aller dans le couloir devant la scène, celui pour les vigiles.  J’avoue que j’ai assez mal pris de me retrouver au pied de la scène, dans un endroit pas prévu pour recevoir des gens (photographe qui me passe devant, vigiles que je gêne). Et encore j’ai un lift, j’ose même pas imaginer comment des  zaroulettes non motorisés auraient fait.

Difficile de garder son calme quand on a en face de soi un régisseur qui défend mordicus qu’ ils ne peuvent pas faire autrement, que la sécurité les empêche d’ouvrir derrière, que c’est la loi. Il a même limite tenté de me dire de rentrer chez moi et que j’allais être remboursé. Encore un qui mérite des baffes tiens.

Pourtant cette salle est accessible, elle a des WC handicapés, un ascenseur, la fosse est de plain pied. Mais justement, c’est là qu’est le problème à mon avis. Tout est pensé en terme d’accessibilité. Les législateurs et ceux qui mettent en place l’accessibilisation pensent uniquement au fait que le lieu permette aux zaroulettes d’y rentrer. Après si l’organisation est complétement aberrante, c’est plus leur problème. Je peux rentrer dedans donc tout va bien et si je la ramène, je dois encore être un de ces « handicapés aigris agressifs, kipensspazozotres » .

C’est quand même un manque cruel de réflexion. Bon j’avoue, si tout était accessible, je ne serais pas triste, mais pourquoi s’arrêter là ?

A l’accessibilité,  je préfère l’adaptation.

Un lieu adapté prend en compte le handicap et va être pensé pour qu’en plus d’être accessible, son utilisation soit simple et les conditions d’accueil respectueuses. Et ben pour faire ça, les architectes, ils galèrent hein.

Parce que mettre une pente ou faire de plain-pied tout le monde sait faire. Mais si en plus, il faut mettre une porte électrique, si en plus il faut penser à un agencement des pièces intelligent qui ne demande pas forcément d’avoir quelqu’un avec soi pour tenir la porte tout en poussant la poubelle installée n’importe où tout en faisant gaffe à pas se faire rouler sur les pieds, tout en tirant la chaise qui gêne pour faire de la place (ouais je sais, j’ai de la chance, les personnes qui m’aident sont super intelligentes), ben là, y’a plus personne.

Je vais pas jeter la pierre aux architectes, quoique des envies de lapidation m’ont déjà traversé l’esprit (cf Jouons avec l’accessibilité…) , mais la clef du problème c’est la loi sur le handicap. Les normes sont très utiles, si on contraint pas un peu des fois, y’a rien qui se fait. Mais mon principal problème avec ça, c’est que les gens les appliquent bêtement, à la lettre. Par exemple le resto de pâtes non accessible dont j’avais parlé dans un autre article est muni de toilettes handicapés, enfin y’a le logo dessus quoi.

Ce resto est obligé d’avoir des toilettes handicapés. Un autre exemple des côtés neuneus de la loi c’est qu’il est interdit de construire des pentes pour les magasins ou restaurants non accessibles sur le trottoir ou tout emplacement appartenant à une ville. J’avoue que des fois c’est impossible, tellement les trottoirs sont étroits, mais cette loi force les propriétaires  à creuser leur propre établissement pour pouvoir mettre une pente.

J’ai quand même l’impression que les lois sur le handicap ne sont pas toujours assez réfléchies, ni assez proches de la réalité. Mais c’est une question de volonté, on peut pas différer l’accessibilité obligatoire de 2013 à 2015 pour faire plaisir à ses copains de l’hôtellerie et en plus penser à des lois intelligentes. Nan, faut pas déconner non plus….

Allez à dans 3 mois… (naaan j’déconneuh :D )

Beau comme un CMI qui brûle…

Il y a quelques jours je suis allé passer la nuit dans un CMI. CMI c’est les initiales de Centre Médico Infantile. J’y suis allé pour passer, comme chaque année depuis un certain temps, une série d’examens nocturnes. Même si je me passerai bien de ce genre d’immersion ça me permet de faire un petit compte-rendu de ma visite. Ne nous trompons pas un CMI c’est une taule. Une taule pour handicapés, certes, mais une taule.


Je dois y arriver à 20h pour y passer la nuit. J’arrive à 20h05. Être en retard c’est la règle numéro 1. Cet endroit donne la chair de poule quand on y rentre. Déjà, dans le hall d’entrée un tas de fauteuils roulant vous accueille. J’en ai compté 13, qui semblent dire bienvenue. Le deuxième truc qui te saute à la figure c’est l’odeur. Ça sent le désinfectant à plein nez. Il faut dire que cet internat ressemble beaucoup à un hôpital. Les personnes qui logent sont toutes atteintes de handicaps très graves et souvent multiples. En plus d’être myopathes ils sont déficients intellectuels. Une infirmière nous accueille et nous conduit à la chambre « d’invités » au bout du bout du bâtiment. Les données géographiques de la chambre sont 45°43’32.53″ N ; 3°05’32.47″ E, allez voir sur Google Earth vous trouverez cet endroit merveilleux. La traversée est longue et éprouvante. En effet les résidents se couchent et ici on ne ferme pas les chambres. Donc avec ma mère qui m’accompagnait nous avons pu voir tout le monde en train de se faire manipuler, installés dans leurs lits. L’intimité est inconnue ici. Le personnel n’en a rien a foutre. Le but c’est de fonctionner le plus rapidement et économiquement possible. Entre les traitements, les couchers, les repas, c’est  à la minute près. On arrive enfin dans la chambre, que l’on s’empresse de fermer. Pour s’isoler d’un monde qui n’est pas le notre, et que l’on nous envoie en pleine poire sans autre forme de procès.

La chambre est grande pour laisser la place pour les fauteuils, mais ce n’est certainement pas un lieux fait pour vivre. Tout d’abord il n’y a pas une chaise. Pas besoin, qui irait rendre visite à des handicapés ? Franchement, ils sont mieux entre eux… Dans un coin il y a un lavabo, tellement coincé que si je veux l’utiliser, personne ne peut l’atteindre avec moi pour m’aider. Une poubelle  à pédalier trône non loin. C’est fait pour le personnel, lors des soins et des actes quotidiens.  Les interrupteurs et les commandes de volet roulant me sont inaccessibles. Surtout aucune possibilités de se démerder tout seul. On sent bien que le but c’est toujours plus d’efficacité. Déjà les personnes internes ne peuvent quasiment pas agir sur leur environnement mais en plus aucun effort n’est fait pour parvenir à plus d’autonomie. On va pas me faire croire que c’est une vie. C’est au mieux une survie dans ce genre de centres. Sur les murs, des photos publicitaires de camions Renault. C’est même pas sûr que ça soit un choix de la personne dont je récupère la chambre pour la nuit. L’année dernière il y avait une affiche d’un concert de Chantal Goya, bonjour le niveau. C’est vrai que les jeunes sont déficients intellectuels, mais Chantal Goya ??!! Sérieusement ? C’est comme si les organisateurs de sortie, en gros les éducs, avaient pour unique but de maintenir les résidents dans la bêtise la plus complète. C’est pas fair-play… On sait très bien que l’ouverture d’esprit fonctionne aussi chez ce type de public. Enfin bref, la soirée avance et ma mère demande un lève personne pour pouvoir me coucher. L’aide soignante va donc chercher le lève-malade… Je ne peux pas m’empêcher de rectifier lève personne entre mes dents. Mais rien n’y fait, pour elle c’est un lève-malade. La personne en fauteuil n’est pas une personne mais un malade. Un malade doit être transporté, pas un personne. Ce genre de petit détail m’agace souverainement, je ne peux pas m’empêcher de le prendre comme une insulte.

un lève PERSONNE !

Il est 20h24 et j’ai déjà envie de me barrer, très, très loin. Je sors prendre l’air avec ma mère un petit quart d’heure. J’ai le temps d’entendre une aide-soignante s’approcher en soufflant d’une chambre dans laquelle on a besoin d’elle. S’adressant à sa collègue elle éructe un sympathique  » Qu’est ce qui veut ç’ui là ? » J’aurais été « ç’ui là » je l’aurai très mal pris. Bon c’est vrai c’est super chiant un myopathe. Il faut le nourrir, le laver, le lever, l’habiller, le coucher et en plus essayer de l’aider si il a besoin. Plus chiant qu’un chien et vachement moins doux au toucher. Cette sympathique kapo me rappelle les premières années où je venais. Les infirmières et aides-soignantes avaient décidé de me parler à la troisième personne, ou de parler de moi à travers mes parents. C’était formidable. Un traitement très humain des zaroulettes.

Enfin je sors, vite, pour ne pas tuer cette charmante personne.  Moi, j’ai 20 ans et ici personne ne me vouvoie. Certaines personnes ne m’ont jamais vues. En plus c’est pas des gens rencontrés en soirée. C’est des professionnels. Mais moi je ne suis qu’un myopathe alors pas besoin de me traiter avec respect. J’ai jamais passé le cap de leur répondre en tutoyant, à tester…

20h30 tout le monde au lit. Ici c’est la routine la plus totale qui règne. Coucher 20h30, levé 7h00, douche 7h30, Petit déj’ 8h tapantes. Une vraie utopie pour Kim-Jong -Hil. Le CMI c’est une petite Corée du Nord. Charmant. On regarde un film ultra intelligent pour compenser –> UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE D’ETTORE SCOLA.<–  Je traîne un peu, je dors très peu, avec un machin branché sur l’oreille. La nuit est entrecoupée par des discussions à voix hautes des personnes assurant le service de nuit, par les alertes des respirateurs et pas les bruits inhérents aux lieux médicalisés.

Un autre truc me dérange, c’est les lits. Les matelas sont emballés dans des housses plastiques. Juste recouvert pas un dessus de matelas en coton. Chez moi la housse de matelas est en coton. Le plastique c’est peut-être facile à nettoyer, mais en été, dormir dessus ça ressemble à de la torture. ça colle c’est infernal, abominable. Mais visiblement personne ne se plaint, ou personne n’écoute les plaintes.

Le matin à partir de 6h30, les fauteuils ayant chargés toute la nuit sont débranchés violemment. Une bonne journée qui commence :D . La routine se met en place, comme tout les jours de l’année, jusqu’à la mort. Oui, le CMI comme toutes les taules hospitalières, c’est aussi un mouroir. Les aides soignantes lèvent les jeunes avec leurs putains de lève-malade. Elle s’apostrophent de chambre en chambre, discutent comme si elles levaient des patates.

Je me rappelle une fois une aide soignante avait fièrement balancée à sa collègue dans une autre chambre  » Ginette (un nom au pif), j’ai réussi à le lever toute seule ! »  Dommage que si je veux lui en coller une ma main ne parviennent pas à se lever toute seule ! Et le pire je crois c’est que les madames elle gueulent tout le temps. On dirait qu’elle croient que la myopathie rend sourd en plus. Elles agissent comme beaucoup de gens agissent avec des handicapés, ou des étrangers. Comme si hurler rendait le propos plus clair.

Enfin on quitte cet endroit pour y revenir dans un an…

Alors oui, c’est vrai que les personnes qui vivent dans ce genre de centre demandent des soins très lourds, je sais aussi que tous les parents ne peuvent pas prendre en charge seuls leur gamin gravement handicapé. Parfois les installer dans ce genre d’établissement est la dernière solution. Soit, mais on ne m’enlèvera pas de la tête que les choses pourraient être mieux. Les résidents ne sont pas biens traités, leur intimité est inexistante. On ne les respecte pas en tant qu’individus. Aucune liberté, aucune possibilités d’évoluer dans la vie. Quand tu rentres au CMI tu n’en ressort plus. Ton existence est stoppée, la routine remplace la vie. Au nom du bien de tous les pensionnaires, l’équipe du personnel oublie les bases du respect des individus. Au nom de l’efficacité on néglige l’essentiel, le contact humain. J’ai aussi l’impression que ces taules à vieux, à handicapés, à malades psychiques servent à ranger les gens considérés comme gênants. On évite le mélange entre valides et à roulettes. Faudrait pas que cela donne des idées. Les handicapés avec les handicapés, les valides avec les valides. Si ça c’est pas de la ségrégation, ça y ressemble fortement.  Alors je sais aussi que l’équipe dirigeante et le personnel fait face à des baisses constantes de budget. Mais quand même certains gestes sont possibles dans l’état actuel des choses, comme frapper aux portes avent de rentrer. Ne pas oublier dans le rituel quotidien que les pensionnaires sont avant tout des personnes, pas des handicap ou des maladie. C’est plus du travail social, c’est de l’artisanat sur sujet vivant. Entre les appareils, les soins et les tranches horaires on oublie l’être humain. Mais l’État à décidé depuis un certain temps qu’il fallait rationaliser les dépenses de santé et de solidarité. Alors dans ce genre de centre, les coupes de budget se sentent tout de suite.  Il y réellement la nécessité de repenser notre fonctionnement solidaire. Le traitement que l’on inflige aux « différent-e-s » montre bien l’état merdique de notre société.

Feu à volonté !

Mais pour espérer changer les choses de façon utile il faut avant tout changer la société de fond en comble, et parfois une étincelle et un bidon d’essence peuvent faire l’affaire, du moins dans un premier temps….

Intégration piège à cons ?

Il est quand même surprenant de voir que tout le monde veut m’intégrer. Dès le collège, j’ai eu droit à l’intégration scolaire. Il fallait m’intégrer au groupe classe à l’aide de réunions préparatoires, de projets personnalisés et d’autres joyeusetés. Déjà il avait fallu se battre pour pouvoir accéder à un cursus normal et en plus fallait m’intégrer. L’intégration c’est en fin de compte faire rentrer quelque chose dans un endroit pas adapté au départ. Un élève en fauteuil n’est donc pas, à la base, à sa place dans un collège de secteur. Prouver son adaptation est quelque peu discriminant.

Je ne veux pas être intégré je veux juste ne pas être exclu.

Le problème majeur est d’ordre idéologique. On intègre car le système n’est pas adapté au départ au lieu d’adapter le système à chacun. Et encore plus rageant avec cette arnaque de l’intégration c’est que certains professionnels nous font sentir que c’est une fleur de m’accepter dans tel établissement ou par exemple en classe européenne. Ce vocabulaire professionnel, d’intégration, de projets personnalisés, d’enseignants référents cache une certaine hypocrisie. Les discours sont là mais les actes laissent à désirer.

En effet quelle joie d’entendre certains de ces enseignants dire que sa présence au voyage de classe en Finlande ne doit pas priver les autres élèves de certaines choses, « juste » parce qu’elles ne sont pas accessibles…

Oui certaines personnes considèrent que adapter est priver les autres « normaux » de justes plaisirs.

Quel bonheur d’entendre ces mêmes enseignants dire à mes parents que quand même personne ne m’a obligé à aller en classe européenne, donc  personne ne m’avait obligé à vouloir faire le voyage scolaire.  Parce que franchement handicapé avec des ambitions scolaires faut pas déconner, merde.

Ensuite vient l’intégration sociale. Parce que la société ne veut pas non plus de moi étrange non ?

Donc des « sorties » avec éducateurs et myopathes sont proposés. Oui des éducs bon parce que il faut bien être aidé dans son intégration. Étrange de voir la déception dans les yeux des organisateurs après mes multiples refus, non franchement, Magnicourt deux fois c’est trop. Et puis les sorties non mixtes entre myopathes très peu pour moi, on forme pas une espèce de confraternité non plus…

Donc pour moi cette intégration sanctifiée au plus haut sommet de l’État est une arnaque. Encore une fois on met en place des moyens spéciaux, pour des gens « spéciaux », « extraordinaires » selon certaines revues sur le handicap basses de plafond.

Et ces moyens permettent dans le même temps d’établir une frontière entre valides et kimarchpas, kimarchmal, kivoirien, kiparlpô, kentenpô et autres bizarreries qui demandent d’urgence une intégration bien profonde.

Mais bon finalement je suis plus à la page puisque, maintenant, on parle d’inclusion, c’est plus bath…

Parfois, des pulsions meurtrières m’assaillent…

J’aime pas les gens qui se garent sur les places handicapées… Et la tolérance me diriez vous, et la vision nuancée me rétorqueriez-vous. La tolérance, soit, mais pas avec les intolérants. La nuance ? soit, J’aime pas les gens qui se garent sur les places handicapées, sauf les personnes handicapées qui se garent dessus ! ça vous va ? ^^

Tout le monde à forcément une bonne raison de le faire.

Il y a des situations où "un flic une balle justice sociale" prend tout son sens ^^

Raison numéro 1 : J’en ai pour 5 minutes, juste le temps d’aller acheter le pain/des clopes/Closer…

Raison numéro 2 : Il y a plein de places libres, alors si je me gare sur l’une d’elle ça va pas déranger.

Raison numéro 3 : Je suis un-e gros-se con-ne en 4×4/Berline  BMW/Mercedes/Porsche et je t’emmerde.

Raison numéro 4 : Ah pardon, j’avais pas vu (entendue pas plus tard que mercredi)

Il convient d’adopter une riposte graduée à ces différentes raisons :

1ere raison : Une affichette suffit, du style « Si vous prenez ma place prenez mon handicap »

2ème raison : Attendre la personne et lui faire remarquer l’absence de logique de son raisonnement. En effet, ça viendrai jamais à l’idée de quelqu’un de se poser sur une place de transport de fonds ou de squatter un emplacement taxi.

3ème raison : L’euthanasie sur personne non consentante est malheureusement qualifiée de meurtre.

4ème raison : non, non définitivement l’humanité n’est pas à sauver.

L’action de se poser sur une place handicapée n’est pas sans importance. C’est pas juste une histoire de principe.

Une place handicapée c’est (à priori) large, bien placé et pratique pour se garer. Le fait que certaines restent vides longtemps est simplement du au fait que les handicapés ne sortent pas. Et malgré une quantité importante de place les communes seraient dans la merde si tous les handicapés se mettaient à sortir.

Je pense que c’est important de parler de ces places car j’ai bien l’impression que certaines personnes ont encore du mal à saisir l’intérêt de ces place. En preuve les déchaînements dans les commentaires causés par la publication d’une VDM sur Vie de Merde :

« Aujourd’hui, ma mère ne trouve pas de place pour se garer. Exaspérée, elle prend la place pour handicapés, me regarde droit dans les yeux et me dit : « Surtout, reste bien dans la voiture. Pour qu’on voie que c’est justifié. » VDM »

Alors oui on peut rire de tout. Encore faut-il que ça soit drôle. Ce qui me gêne le plus c’est pas la blague, c’est les commentateurs. C’est ahurissant avec quelle rapidité, ces personnes, peuvent tenir un discours gerbant sur les handicapés. Le racisme on connaît, la xénophobie aussi. Faut-il parler d’handi-phobie ? Je suis pas sûr, y z’ont pas peur, c’est juste des réacs égocentriques à tendance malthusienne . Mais avoir une pensée à ce point méprisante est ahurissante :

Florilège :

Il y a toujours au moins dix places libres, à peine une de prise, donc si c’est pour rester 5 minutes et que ce n’est pas par fainéantise, je ne vois pas où est le problème. C’est incroyable de se révolter pour si peu…

Être handicapé ne donne pas tous les droits quand même. La plupart que je croise sont sans gêne, malpolis car ils pensent que leur handicap les dispensent des règles de politesse.
Les dernières lois obligent d’avoir un nombre beaucoup trop important de place pour handicapé !
Le pire c’est qu’elles ne sont jamais utilisée ! En general y’a une place handicapée prise sur 10 place handicapée libre (en proportion).
Quand c’est 2/10 on peut jouer au loto, le truc qu’on voit que tous les 5 an.

(…) et pour information juste comme ca, les places livraison, les places taxis, les places polices et gendarmerie, les places transports de fond… c’est quoi tu prend ma place tu prend mon travail? Il n’y a pas que les places handicap qui sont prise d’assault…

OK donc on prend pas les places PMR, mais dans ces cas là, les PMR ne prennent QUE leurs places réservées!!! Ce qui n’est pas toujours le cas…Comme parfois certaines places non réservées sont + près de l’endroit où ils veulent aller, ils prennent celles-là…Et nous, on se gare où après? Hein?

-Fin du Florilège-

Alors je sais pas vous, mais moi, j’en attendrai pas moins de fachos… Sauf que ce sont sûrement des gens « normaux ». Et dans la vraie vie il faut voir ce que l’on entend quand on fait remarquer à quelqu’un qu’il/elle n’a pas à se garer sur une place handicapée. Testez vous allez voir, des fois on se fait engueuler.

La place des handicapés n’est pas encore assurée (sans mauvais jeu de mots) dans notre société.

Ben voila, avec mes conneries je serai jamais libéré ! Eh merde...

Le pardon est chrétien…

Dommage pour eux, je suis athée !

Haut de Page