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Ivre, Nicole Ferroni écrit une chronique.

Aujourd’hui, j’ai écouté une chronique d’une humoriste que j’apprécie, Nicole Ferroni. Une chronique du 2 décembre 2015.

Cette chronique précisément :

J’ai été fort surpris par les émotions qu’elle a provoqué chez moi, de bon matin, en ce jour de Saint-Myopathe.

Que dire face à autant de mièvrerie ? De bons sentiments visqueux comme du caramel, qui dégoulinent de cette chronique ? Face à ce validisme dégueulasse, d’autant pire à entendre qu’il vient de quelqu’un que j’estimais ?

Nicole, je vais devoir t’expliquer certains petits trucs, histoire que tu arrêtes de fumer la moquette.

C’est uniquement des citations exactes de sa c(hr)onique :

« Quand j’ai vu qu’il fallait aux gens valides des régionales deux weekends pour se mettre d’accord là où les handicapés n’en prennent qu’un, je me suis dis, bon, partons plutôt sur le téléthon »

Aux gens valides des régionales…. Dans le monde merveilleux de Nicole Ferroni les régionales sont un truc de valides m’voyez.  La politique, ça intéresserait les zandicapés ? Allons, vous n’y pensez pas ? Pourquoi faire ?

Et on va pas s’attarder sur le « gens » avant valide et sur le « les handicapés ». On a compris, nous ne sommes point des personnes.

Or donc nous serions tous unis pour le Téléthon…

Mais sii , le Téléthon vous savez, la foire charitable où on montre les pauvres petits myopathes pour tirer du cash ? Vous savez le truc dont se sert l’Etat pour pas payer la recherche ?

Très bien Nicole, parle nous donc du Téléthon, qu’on rigole…

« Savourons ces deux jours, où le temps d’un weekend le handicap sera normalité, et où ma collègue Nathalie, pourra se réjouir que sur sa fille Léa, atteinte du syndrome  Kabuki, on porte pendant ces deux petits jours un regard normal et admiratif »

Ah ouais quand même.

Pendant le téléthon le handicap est normalité, d’accord. Donc ça se trouve je peux aller dans n’importe quel magasin, resto, bar, appart ?

Genre le fait qu’on ai besoin de faire une émission spéciale une fois de l’an c’est pas une preuve ULTIME que le handicap n’est pas la norme ?

Et tu sais ce que j’en fais de tes regards admiratifs Nicole ? Hein ?  Mais bordel, c’est ça la norme ? Le regard de cocker anglais, mouillé par l’émotion et l’admiration ? Le sourire charitable de l’électeur FN ? C’est ça l’intérêt de la Saint-Myopathe? Su-per Nicole, vraiment.

« Car Charly a hérité de Petrucciani son amour du jazz et son physique très incongru »

Définition d’incongru :  pour une personne, manquer de bienséance, de savoir-vivre. Qui n’est pas correct.

C’est la définition Larousse ça.

Les mots, c’est importants les mots, Nicole. Je vois pas bien d’où tu te permets ce genre de jugement de valeur, sur l’aspect physique de Charly Valenza et de ce virtuose qu’était Petrucciani.

« Car oui les handicapés ont beaucoup d’humour, parce qu’ils n’ont pas le choix »

Et toi quand t’es pas drôle c’est un choix c’est ça ?

Certes, l’humour face à n’importe quelle situation difficile est un moyen de s’en sortir, mais ce n’est certainement pas réservé aux « handicapés » comme elle dit si bien, ouais parce qu’on est un groupe homogène en fait, une ethnie infra-humaine, avec des physiques incongrus et un sens de l’humour inné.

Tu vois Nicole, le blem avec ton raisonnement un peu débile, c’est que tu oublies que nous sommes des personnes, et que, comme pour le reste de l’humanité, il y a des différences entre les individus.

« Globalement les handicapés rigolent beaucoup, c’est à ce demander si ils ne vont pas s’ennuyer le jour où la recherche les aura tous soignés »

gnnnnn

Nan, t’es sérieuse là ? Tu dis ça sur France Inter à une heure de grande écoute ? Avoue, c’est Patrick Sébastien ton co-auteur non ? C’est potache land ma parole.

Perso je pense que je vais rire autant avant qu’après. Enfin pour ton info, tous les handicaps ne sont pas « soignables ».

Ton validisme est-il soignable ?

« Pour espérer un jour un monde sans handicap »

Y’avait un mec à un moment qui rêvait d’un monde comme ça, Alphonse ? Non, Alain ? AH C’EST BON J’AI !! Adolf ! (Point godwin assumé nom de dieu)

Arrête d’espérer Nicole, c’est infaisable un monde où tout le monde est valide. C’est juste biologiquement impossible.

« Le handicap c’est la fourmi qui porte sur son dos un poids bien plus gros qu’elle, mais c’est une fourmi qui serait cigale car elle fait le tout en chantant »

Ouaiiis, on est tous super courageux ! Courageux de quoi au fait ? De vivre en étant ce que nous sommes ?

J’avoue ça doit être chaud pour toi, à dire autant de bêtises en si peu de temps, j’aurais grave du mal à assumer.

Et en plus d’être courageux, on arrive à être heureux, le truc de ouf malade. J’adore quand une personne (ouais je sais c’est un terme si complexe à maîtriser) valide, trouve qu’on a tellement une vie de merde que pour la supporter on doit être super forts (hihi)

« Alors pour ces âmes cabossées il ne nous reste qu’à bosser »

AZY d’où je suis cabossé ? Tu veux te taper c'est ça ?

Ah donc ça veut dire qu’une personne libre de ses mouvements est jamais cabossées par la vie ? Et que forcément une personnes handicapée l’est par défaut ?

Heureusement que tu es là Nicole, pour m’apprendre ce que c’est de vivre avec une limitation fonctionnelle.

En tout cas t’as un truc de juste, va falloir que tu bosses un max pour te rattraper, parce que tu me fais plus rire.

Libération des handicapés!

Aujourd’hui je suis tombé sur un article de Libération.

Jusque là, ça va.

C’était un article qui parlait des commemoi, les personnes en situation de handicap. Si j’utilise le mot komilfo c’est que c’est important. C’est pas que du politiquement correct. Pour une fois qu’un terme officiel désigne parfaitement une réalité, je vais pas me gêner !

Le handicap est une situation, une situation causée par la société. Le handicap est l’expression de la discrimination dont sont victimes les individus ayant une limitation fonctionnelle. Voilà ça c’est dit. Et ça fait vachement sérieux en plus.

Or donc je suis tombé sur un article de Libération. Et j’avoue avoir été super achement déçu.

J'ai mal à mon journalisme :'(

L’article était titré : 10 ans après, les handicapés se sentent toujours abandonnés

BON donc comme j’ai mis plus haut, le handicap est censé être une situation…

Mais visiblement chez Libé ils en ont rien à foutre des concepts.

Rien que ce petit « les handicapés » est insupportable.

« - Eh dit Gérard (le pote à l’auteur) c’est quoi un handicapé ?

- Ben, euh, en fait, c’est comme une personne tu vois ?

- Ouais

- Sauf que c’est pas vraiment une personne, parce que elle marche pas en fait, ou alors elle voit pas, ou elle entends pas. En tout cas elle est pas comme nous !

- Ah ouais okay je vois, merci mec ! J’avais un doute là.  »

Si il y avait que Libé qui niait notre humanité ça irait. Mais c’est partout, tout le temps, dans les médias. Nous sommes notre situation, nous sommes notre maladie. C’est ce qui nous définit, pour le validiste…

Validiste dans son milieu naturel

C’est légèrement brise-essieu !

Et Libé, en une phrase, continue son travail de sape mental.

Les zandicapés se « sentent » donc « abandonnés »

Or, ce n’est nullement un sentiment, la réalité est que les 10 % de la population française officiellement en situation de handicap sont mis au ban de la société. Ce n’est pas un sentiment d’abandon, c’est la mise en place systématique de barrières visant à nous maintenir à la marge.

Au risque de choquer le journaliste ou la journaliste, (à vrai dire j’en sais rien, c’est même pas un vrai taff de journaliste c’est « Libération avec l’AFP » l’auteur)les handicapés, sont des personnes, victimes d’une ségrégation.

Nous ne sommes pas des petits animaux fragiles qui se sentent abandonnés par leurs méchants maîtres. Nous ne sommes pas des putains de labradors attachés à un arbre sur une aire d’autoroute le 15 août à 12H45 !

Le meilleur ami de l'homme, c'est l'handicapé

Et sinon, oui, j’ai lu l’article. C’est que des citations des associations gestionnaires, complices de l’Etat !

Y’a des baffes qui se perdent.

Lettre à une marche

Oui c’est à toi que j’écris. A toi la marche inconnue, bout de pierre rectangulaire, que j’ai croisée, que je croise et que je croiserai un bon paquet de fois encore.

J’en vise aucune en particulier, vous êtes toutes plus ou moins emmerdantes, c’est même votre caractéristique principale.

Partout où je vais, vous êtes.

Toi et tes comparses, sournoises.

Tu veux rentrer ? Et ben va te faire foutre !

Depuis douze longues années tu prends beaucoup trop de place dans ma vie pour que ça soit raisonnable.

Il était temps que je prenne mon courage à deux roues, et que je te t’écrive ce que je pense vraiment de toi !

Toi qui es invisible aux jambes des marchants, il est temps de te rendre ta place.

Il faut que tu réapparaisse pour mes congénères libre-mouvants.

Combien de fois j’ai eu à demander si une ou plusieurs marches étaient présentes dans le bar, le resto, l’appartement dans lequel j’étais convié ?

Et combien de fois on m’a répondu :

« t’inquiètes y’a pas de marche, ça roule ! » ?

Et combien de fois je t’ai vue, tapie à m’attendre, pour me compliquer le roulement, voire l’empêcher ? Hein ? J’ai perdu le compte, tellement t’es partout, une vraie armée formée pour faire chier.

Tu es une arme de discrimination massive, tu le sais ça ? L’apartheid ça peut marcher (oui j’ose) même sans mur.

C’est en petit nombre que tu es la plus féroce, car en volées tu es visible, on peut difficilement t’oublier. Seule tu disparais de la vue de ceux qui t’enjambent sans cesse. En escalier jamais je n’ai a t’affronter, toujours je suis prévenu de la présence de ce chien marcheux qui te sert de frère.

Magnifique exemple de la suffisance insupportable de l'escalier. Poseur de merde

Et quand on te voit on te sous-estime, ça va passer qu’on me dit ! Et le fait est que, ben, ça passe pas.

Parfois, ô singularité statistique, ça passe !

Que Bakounine le Très Haut soit loué !

C’est quand tu es petite, minuscule que je te mange, comme l’insignifiant obstacle que tu devrais toujours être. Okay, tu me secoues quand même, et si j’ai à t’écraser toute la journée tu finis par m’irriter. Mais ne compte pas sur moi pour t’accorder cette victoire.

Et là, toujours, si si toujours, un « marchant » vient essayer de pousser les 200 et quelques kilos que je forme avec ma monture. De pure perte tu penses bien, d’autant plus que je sais quand je peux te battre ou pas. L’habitude sûrement.

Fuck the rules

Ou alors j’entends ça : « Mais sinon on va porter ! ».

A cette proposition, je préfère l’abandon, car si toi, la marche, tu me persécutes, le valide lui t’obéit.

Il te voue un culte, il t’installe partout, seule ou avec une copine, toujours en petit groupe.

De plus il a un mal fou à te couvrir d’une petite rampe, à te cacher, à gommer ta méchanceté.

Je ne comprends pas bien cet attachement, c’est étrange, peut-être du conservatisme, un amour du vintage, pour préserver un mode de vie dans lequel les commemoi n’avaient pas leurs place.

Dispositif Anti-marche tout à fait proportionné

Et pourtant je te le dis, vile marche, viendra un jour où je te ferai la peau. A coups de masse dans ton angle, à coups de dynamite dans ton ciment, à coups de rampes solides et implacables.

Et j’en aurai enfin fini avec toi, mon ennemi intime.

Lève toi si t’es un homme.

Aujourd’hui j’ai vu un spot récent de la Croix Rouge.

Le pitch est simple comme bonjour, « L’homme est fait pour rester debout ».

Alors, tout de suite j’ai tiqué, un léger malaise est apparu à la vue de cette phrase.

Ouiii, on va me dire que c’est un debout métaphorique, une image super forte pour dire que la Croix Rouge est là pour t’aider à te relever, parce que dans l’imaginaire collectif (valide) pour faire face il faut se lever, c’est une posture fière et altière, c’est un synonyme de hauteur de stature et de vue. C’est le symbole du combat et du courage et bla bla bla et bli bli bli.

En fait, mon problème vient justement de cette « puissante » métaphore du combat et de la posture de l’humain qui résiste aux éléments. Car cette image est bien une  foutue métaphore pour valides. Genre quand t’es assis, l’adversité, elle te défonce méchant. Si tu es cloué dans un fauteuil, il faut des valides pour te lever. Tu ne peux donc pas te battre assis, être digne assis ou être un vrai homme ou humain assis. Si t’es assis t’es juste une grosse tanche.

A ça, tu rajoutes le bon gros côté paternaliste (et catho du côté à la con du business) de la Croix Rouge, qui passe son temps à relever des gens dans le clip. Tu as le SDF qui prend de la soupe, puis le mec dans une catastrophe naturelle, le mec en manif aussi (pas une manif à Sivens hein, faut pas déconner) puis une nana assise sur un lit tirée par une bénévole ( mais genre laisse lui le temps de reprendre ses esprits avant de la virer du lit bordel !). T’as d’autres gens aussi, mais t’as saisi le délire (oui toi lecteur/trice qui a survécu à mes trois mois de silence)

Et à un moment donné, t’as la perle absolue du clip. UN MEC EN FAUTEUIL SE LÈVE.

Non mais en vrai ! Il est aidé par une aide soignante (enfin ça y ressemble) et là tu vas pas le croire, mais le gars IL MARCHE (plus en mode zombie qu’autre chose mais appelle le Vatican quand même). Un putain de miracle. Lazare en 2014. Tout ça pour dire que les handicapés assis ça fait pas très sérieux.

Lève toi et marche ! Dieu est ton ami....

La Croix Rouge m’a répondu après un de mes tweets à leur égard.

J’espère que la Croix Rouge fera plus gaffe à l’avenir, parce que même si c’est pas fait exprès, que ça part d’une bonne intention, c’est juste tellement maladroit. Et c’est bien la preuve que le handicap est trop souvent perçu du côté médical (un myopathe, un traitement, des économies) et pas assez du côté social (handicapé parce que marches partout, connards d’urbanistes). Certes remarcher ça va me botter, mais même assis, chuis fait pour être un humain !

Paralysie et michokos.

A plus.

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